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Profondeurs ! Profondeurs ! Profondeurs formidables !
Embryons éternels, atomes imperdables,
D’où sortez-vous ? Substance, air, flamme, moule humain,
Terre ! avez-vous été pétris par une main ?
Ô parturition ténébreuse de l’Être !
Je veux trouver, je, veux savoir, je veux connaître !

Le vide est impossible, et tout est plein ; tout vit.
Qui le sait ? Le ciel croule aussitôt qu’on gravit.
Si l’univers nous dit de douter ; ou nous somme
De croire, je l’ignore : Oh ! que dit l’aube à l’homme ?
Que dit le froid mistral et le simoun ardent ?
Vision ! la mer triste entrechoque en grondant,
Sous les nuages lourds que les souffles assemblent,
Ses monstrueux airains en fusion, qui tremblent !
Les flots font un fracas de boucliers affreux
Se heurtant et l’éclair sépulcral est sur eux !
Quelle est la foi, le dogme et la philosophie
Que toute cette horreur sombre nous signifie ?
L’étendue, où, vaincu ; mon vol s’est arrêté,
Est si lugubrement faite d’obscurité,
L’obstacle est si fatal, l’ombre est si dérisoire,
Que j’arrive à ne plus comprendre, à ne rien croire ;
Et je dis à la nuit : pas un être n’est sûr
Même d’un peu de Dieu, nuit, dans un peu d’azur !
Oh ! la création est-elle volontaire ?
Un maître y dit-il moi ? Ciel ! Ciel !