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oir béni.

Et moi je reste là, tressaillant, dans la nue.
Et l’oscillation des gouffres continue.

Oh ! toujours revenir au point d’où l’on partit !
Et derrière le grand toujours voir le petit P.
J’ai beau creuser la vie et creuser la nature ;
J’ai des lueurs de-tout dans ma science obscure,

Mais j’y respire un air de sépulcre ; et j’ai froid.
Oh ! que cet univers, s’il est vide, est étroit !
Oh ! toujours se heurter aux mêmes apparences !
Oh ! toujours se briser aux mêmes ignorances !
S’il existe, d’où vient qu’il se cache et qu’il fuit ?
Est-il dans l’univers comme un grain dans le fruit,
Comme le sel dans l’eau, comme le vin dans l’outre ?
Oh ! percer la matière horrible d’outre en outre !
Faire, à travers le bien, le mal ; l’onde et le feu,
L’homme, l’astre et la bête ; une trouée a Dieu !
Qui le pourra ? personne. Oh ! tout n’est qu’ironie.
Sage celui qui doute et fort celui qui nie !

Tu cherches aussi l’Être, ô passant ! je te plains.
Les firmaments d’abîme et d’abîme sont pleins.
La route est longue, va ! l’éternel, parallèle
À l’infini, t’aura bien vite brisé l’aile.
Cours, vole, essaie, et cherche, et plane, et sois puni !