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Croyons.

Je me répète, ô songeur, tout cela ;
Mais c’est au-doute affreux que toujours je retombe ;
Tant la fleur et la foudre, et l’étoile et la trombe,
Et l’homme et le sépulcre, et la terre et le ciel,
Font trembler et fléchir le rayon visuel !
Tant ce qu on aperçoit trouble ce qu’on suppose !
Tant l’effet noir voit peu directement la cause !
Tant, même aux meilleurs yeux, la brume et le rayon,
Les éléments toujours en-contradiction,
Les souffles déchaînés et les ailes captives,
Ouvrent sur l’inconnu de louches perspectives !
Tant il est malaisé de crier : Vérité !
Et tant, la certitude a d’obliquité !

Je regarde et je cherche et j’attends et je songe,
Et le silence froid devant moi se prolonge.
Par moments, dans l’espace où son fantôme a l’air
D’errer avec le vent, la nuée et l’éclair,
Je vois passer Hermès, mon prodigieux maître.
Abordant ou fuyant l’inconnu qu’il pénètre,
Il rêve, il pense, il tend ses deux bras pour prier ;
J’entends alors sa voix formidable crier :
— Oh ! l’être ! l’être ! l’être effrayant ! il m’accable
Sous son nom inouï, sombre, incommunicable !
Je ne le dirai pas ! Sois tranquille, infini !
Puis il passe terrible, après m’av