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D’où vient-on ? où va-t-on ? Je ne sais rien. Et toi ?.

Et l’oiseau regarda de ses deux Yeux mon âme ;
Et je vis de la nuit tout au fond de leur flamme.
Et, comme je restais pensif, il poursuivit :
Ombre sur ce qui meurt ! ombre sur ce qui vit !

J’ai lu ceci, qu’Hermès écrivit sur sa table :
« Pyrrhon d’Élée était un mage redoutable.
« L’abîme en le voyant se mettait à hennir.
« Il vint un jour au ciel ; Dieu le laissa venir. ;
« Il vit la vérité, Dieu la lui laissa prendre.
« Comme il redescendait — car il faut redescendre ;
« L’Idéal met dehors les sages enivrés ; —
« Comme il redescendait de degrés en degrés,
« De parvis en parvis, de pilastre en, pilastre,
« De la terre aperçu, tenant dans sa main l’astre,
« Soudain, sombre, il tourna vers les grands cieux brûlants
« Son poing terrible et plein de rayons aveuglants,
« Et laissant de ses doigts jaillir l’astre, le sage
« Dit : je te lâche, ô Dieu, ton étoile au visage !
« Et la clarté plongea jusqu’au fond de la nuit ;
« On vit un instant Dieu, puis tout s’évanouit. »