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Faire dans l’infini des signes de détresse
Et pendant que, lugubre et vague, autour de, lui,
Dans la blême fumée et dans le vaste ennui,
Le tourbillon des faits et des choses s’engouffre,
Ce spectre de la vie appelé l’homme souffre,
Ces deux tragiques voix, Nature, Humanité,
Se font écho, chacune en son extrémité
La tristesse de l’un sur-l’autre se replie ;
La pâle angoisse humaine a-la mélancolie
Du plaintif univers pour explication ;
Et les gémissements de là création
Sont pleins de la misère insondable de l’homme.

Pourtant vous n’êtes rien que des larves en somme !
Vous marchez l’un sur l’autre ; obscurs, troubles, dormants,
Fuyants, et tous vos pas sont des effacements.
Il ne reste de vous, s’il reste quelque chose,
Que l’embryon, peut-être effet, peut-être cause,
Que les rudiments sourds, muets, primordiaux.
L’être éternel est fait d’atomes idiots.

Lui-même est-il ? voilà le sinistre problème.
Ô semeur, montre-nous du moins la main qui sème !

Hermès, mais qui peut voir ce qu’a vu l’œil d’Hermès ?
M’a dit qu’il avait vu, du haut des grands sommets,
Au delà du réel, au delà du possible,