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LES GERMES 73

LES GERMES

Le jour où j’ai senti germer en moi ce rêve,
A l’écart j’ai planté la greffe d’un rosier.
« Mon jeune espoir aura pour sœur la jeune sève,
Me disais-je ; et mes yeux pourront s’extasier
De voir éclore un jour une rose pareille
Au bonheur dont mon rêve un jour sera fleuri,
A la fleur dont mon âme est la précoce abeille. »
Les rayons adorés depuis n’ont plus souri
A ce rêve émondé dans sa métamorphose.
Mais le rosier son frère a grandi sans péril,
S’est paré d’émeraude éclatante, et la rose,
Par le plus frais matin d’un radieux avril,
A, splendide, au soleil entr’ouvert ses pétales.
Ce qui germe en un cœur, Nature, comme en toi
N’a point dans tes saisons d’éclosions fatales.
Que ta fleur ironique obéisse à ta loi,