LE BAPTÊME 71
Toujours plus haut, fends, ô mon ame !
L’éther obscur, subtil et froid ;
Vénus en bas roule et décroit :
L’anneau de Saturne est en flamme ;
Franchis-le vite et fuis tout droit,
Toi qu’un secret désir affame !
Perce d’un bond tout le ciel noir
D’Uranus, et poursuis ta course !
Comme les mailles d’une bourse
La nuit s’entr’ouvre, et tu peux voir
Les astres d’or de la Grande-Ourse
De tous côtés sur toi pleuvoir.
Dans l’élan sublime emportée.
Dépasse Orion ; plus avant
Enfonce-toi ; frémis au vent
De quelque étoile dilatée,
Monstre lointain au cœur mouvant ;
Nage au sein de la mer lactée !
Cherche un monde nouvel éclos,
Un vaste univers que colore
L’écharpe de sa longue aurore ;
Baigne-toi dans les roses flots
De ses grands lacs vierges encore,
Fille des siècles de sanglots !