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LI£ TALISMAN 63

LE TALISMAN

A Edmond Lepelletier

Une fée a pour elle été douce marraine.
J’ouvre mon souvenir, afin de la revoir
Heureuse dans la vie, et dans la mort, sereine,
N’avant jamais connu des rêves que l’espoir.

Elle est morte ; seize ans, vierge, belle, adorée.
Je le savais, son cœur à peine ouvert rempli;
En un coin de mon âme, au fond d’un chaste pli
Elle dort à jamais, froide, blanche et parée.

Reliquaire odorant dont un ange a la clé.
Son cœur à peine plein s’est fermé ; je le porte
Loin de vous tous, en moi profondément celé;
Car seul j’avais surpris le secret de la morte.

Que celui qu’elle aima ne sache jamais rien
Du séraphique amour dont il eut brisé l’aile!
Et que toujours entier, mystérieux et frêle,
Le virginal secret vive et reste le mien!