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LE SEMEUR
A Paul Verlaine.

 
Un large ruban d’or illumine la cime
Des coteaux dont la brume a noyé le versant.
L’horizon se déchire, et le soleil descend
Sous les nuages roux qui flottent dans l’abîme
Comme un riche archipel sur une mer de sang.

De confuses rumeurs s’éveillent par la plaine,
Et dans son champ, debout aux rebords des sillons,
Travailleur obstiné sous le !> derniers rayons,
Un semeur devant lui lance au loin sa main pleine,
Et chasse des oiseaux les criards tourbillons.

Et l’occident s’écroule où l’astre antique éclate,
Et le semeur, frappé d’un long et rouge adieu,
Par grands gestes, au loin, dans un sinistre jeu
Semble jeter au vent la poussière écarlate
De son cœur calciné dans sa poitrine en feu.