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LE CAMÉE 105

LE CAMÉE

Un cœur d"homme à vingt ans est une cire molle.
Une enfant, tout à coup, avec son doigt léger
Y trace son image insoucieuse et folle ;
Puis se sauve en riant, et sans plus y songer.

Mais la cire devient plus dure que la lave ;
Et sur ses bords brûlants ou glacés tour à tour,
Le profil adoré par la douleur se grave.
Nul acide n’en peut ronger le pur contour.

l’as de pierre qui l’use ou de feu qui le fonde !
Sur lui l’absence est vaine et le temps en vain mord.
Ni les pleurs corrosifs, ni la rouille profonde,
Rien n’y fait. Le camée est là, jusqu’à la mort !

Va toujours, et partout, comme un remords vivace,
De l’immortelle empreinte une perle de sang
Filtre vers la poitrine, et grandit, quoi qu’on fasse,
Car on l’essuie en vain sans cesse, en pâlissant.