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LA CHANSON BÉNIE 91
LA CHANSON BÉNIE
Je me suis grisé ; j'ai perdu mon âme !
Je chante et je cours, ne sachant plus où ;
Dans le ciel je crois qu’un ange m’acclame ;
Je vais, je reviens, je ris comme un fou !
J’ai perdu mon âme, ou mon cœur ; qu’importe?
Une joie immense est entrée en moi ;
Le printemps m’appelle et m’a pris pour roi ;
Un souffle léger m’enlève et m’emporte ;
C’est depuis hier et depuis longtemps !
Je renais ou meurs au monde, il me semble ;
Je monte au milieu d’encensoirs flottants ;
J’ai perdu mon âme et mon cœur ensemble !
Je n’ai pourtant bu ni vin ni liqueur ;
Je vole et je plane, étonné de vivre ;
Je ne suis pas fou, je ne suis pas ivre ;
J’ai donné mon âme et donné mon cœur !