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Dans les bosquets perdus qu'on remplacés les grèves,
Dans les mondes encor sans voix et sans écho,
Dans le silencieux amas des vieux chaos,
Dans la poussière d'or des mirages splendides,
Ou dans les paradis noyés des Atlantides !
Oui, je vous dis qu'un jour elle vivra, sinon
Qu'elle est morte à jamais sans avoir su mon nom ! »
Et pendant qu'il parlait, je voyais sur sa lèvre
Trembler le désespoir furieux et la fièvre.

« Regardez, reprit-il, elle a chassé la nuit
Qui jadis l'entourait, jalouse, et qui s'enfuit !
Elle apparaît, semblable à l'étoile dernière,
Sur mon cœur épanchant tout un ciel de lumière !
Et je l'aime ! Et jamais l'éclair d'un oeil vivant,
Je le sais, ici-bas n'a frappé plus avant,
Ni fait plus tressaillir les profondeurs d'une âme !
Dans l'amour infini d'un amant, jamais femme,
Comme une reine au fond d'un palais, n'a marché,
De salle en salle, aux chants d'un orchestre caché,
Vers un trône plus beau, d'un pas plus sûr ! Je l'aime,
Celle-ci dont ma main a retracé l'emblème,
La morte, ou l'invisible encor, l'être innomé
Qui, si j'avais vécu plus tôt, m'aurait aimé,
Qui m'aimerait plus tard, si je pouvais revivre !
La femme qui peut-être à l'heure même enivre
Quelque part d'autres yeux, ô rage ! Que mes yeux,
Et qui doit, loin de moi, mourir sous d'autres cieux !
Ah ! Si vraiment tu vis, si je pouvais le croire,