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III

Je revins. Quelques jours plus tard, dans un musée,
Je promenais sans but ma tristesse apaisée,
Quand je vis disparaître, au bas d'un escalier,
Une vieille en costume au style singulier,
Qui me remémora la vierge d'Italie
Qu'à ses portraits lointains une énigme relie.
Je voulus pénétrer ce secret jusqu'au bout,
Et courus chez Centi. Je le trouvai debout
Devant sa dernière œuvre ; et ses yeux, dans l'ivresse
Du triomphe, élevaient leur brûlante caresse
Sur la toile achevée, et seule cette fois.
Lui-même s'agitai, parlant à haute voix,
Artiste émerveillé devant son propre ouvrage.
Dès l'abord, une joie éclaira son visage ;
Il s'élança, me prit le bras, et, m'entraînant
En face du tableau, s'écria : « Maintenant,
Regardez ! ... répondez ! N'est-ce pas, qu'elle est belle ?
N'est-ce pas, qu'elle arrive à l'amour qui l'appelle ? »
Et moi, je regardais déjà, me demandant
Comment il avait pu, d'un effort ascendant,
Faire plus resplendir la tête sans rivale,
Et, par plus de magie, en un plus pur ovale
Vivifier ces traits sous un ciel ébloui.