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Faire choix d'un portrait de madone ou de dame
En lequel un vieux maître avait mis sa grande âme.
Elle restait alors, les bras croisés, couvrant
Le tableau d'un regard de défi, pénétrant
Et large, d'où partait vers la tête sans vie
Je ne sais quel éclair de dédain et d'envie.
Certe, avec ces chefs-d'œuvre au renom magistral
Elle aurait, sans pâlir, pu lutter d'idéal ;
Et moi-même, j'avais, au fond des galeries,
Dans quelque coin, derrière un pan des draperies,
Maintes fois contemplé cet entretien muet,
Antagonisme étrange où nul ne remuait
Du type impérissable et du type éphémère.
Chacun s'écartait d'elle ainsi que de sa mère.
On lui donnait vingt ans à peine. Une clarté
Comme un rayonnement entourait sa beauté
Qui, splendide, éclatait en floraison entière,
Mais se sculptait aussi, comme en un bloc de pierre,
Dans une incomparable et mortelle froideur.
Ceux que vers elle avait attirés trop d'ardeur
S'étaient sentis vaincus et terrassés sur place
Par une pesanteur de mépris et de glace
Qui tombait de ses yeux sans pareils. Son vrai nom,
Nul n'avait jamais pu l'apprendre, disait-on.
Comme elle apparaissait vers une heure tardive
Dans les palais, sans bruit, solennelle et pensive,
On lui trouva bientôt ce nom mystérieux
De Stella Vespera. Personne, jeune ou vieux,
Par prière ou présent, n'avait obtenu d'elle