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Que me fait l'existence, à moi, qui n'eus dans l'âme
Jamais un seul espoir non plus qu'un seul désir,
Ni crainte, ni regret, ni remords, ni plaisir,
Et qui n'ai jamais eu trois sequins dans ma bourse ?
— Eh quoi ? Tu lis mon sort dans ces astres en course ?
— Tout aussi nettement qu'au même endroit j'ai lu
Ton fratricide à peine annoncé résolu.
— Cette nuit ? Je mourrai ? - Cette nuit ! Je l'atteste !
Le poignard est choisi, la main sûre. Le reste
Est le secret d'Allah qu'il garde avarement !
— Un aspect peut tromper, vieillard ! Peut-être il ment,
Cet astre auquel tu vois ma fortune enchaînée !
— Que tu le veuilles croire ou non, ta destinée
N'en sera pas moins telle, ou plus long ton sursis !
— Souvent, répondit l'autre en fronçant les sourcils,
Un condamné conjure un arrêt, s'il le brave,
Ou s'il le fuit. Il est souvent plus d'une entrave
Aux oracles, et tous ne sont pas satisfaits.
A quelques-uns, du moins, manquent les prompts effets ;
Et tout n'arrive pas juste à l'heure indiquée !
Le jeûne, la prière au fond d'une mosquée,