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L'homme a levé sur vous sa hache sacrilège ;
Sur vous il s'est rué follement, et sa voix
A maudit le silence injurieux des bois
Où meurt le vain appel du désir qui l'assiège :

À jamais il a fui tout ce monde enchanté
Qu'aux rayons de la lune, au fond des solitudes,
On voyait s'essayer aux molles attitudes
Sous l'oeil ardent d'un faune ivre de volupté.

Quand Pan mourut, un cri monta de rive en rive ;
Dans la foi du poète il retentit encor.
Comme un chasseur perdu qui sonne en vain du cor,
L'homme court sans qu'un son en réponse n'arrive.

Las de lui-même aussi, voilà que haletant,
Comme Sisyphe sous le rocher qui l'écrase,
Il s'arrête, et qu'à l'heure où l'occident s'embrase,
Il sent les maux soufferts revivre en un instant.

C'est une heure sinistre et pleine de vertiges.
Depuis les premiers jours, sa magique splendeur
Nous étreint, et nous fait sonder la profondeur
D'un passé qui tressaille en fulgurants vestiges.

Comme l'astre qui fond en longs fleuves pourprés
Dont les reflets au loin baignent les nobles cimes,
Le cœur de l'homme saigne en plongeant aux abîmes
Où ses regrets encor hurlent désespérés.