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Pas un ne reviendra ! Le vent de l'ironie
A balayé partout l'ambition du beau.
Sur le dernier autel plus désert qu'un tombeau
L'herbe croît. Il n'est plus de divine agonie !

Plus d'esprits enivrés ! Plus d'hymnes, plus d'encens !
Plus de convives ceints de verveine et de roses !
Plus d'apôtre en extase, et plus d'apothéoses !
Plus de soupirs poussés hors du monde des sens !

Sur la montagne en feu nul ne se transfigure,
Et pour quelque dépouille aux fétides odeurs,
L'homme consumera ses dernières ardeurs
Sous un ciel qui n'a plus la sublime envergure.

Dans un air sans échos sa voix s'éteint. Voilà
Qu'il méprise à la fin sa chair comme son âme,
Et que, toujours brûlé d'une invisible flamme,
Il retourne aux abris chantants qu'il dépeupla.

Mais les transports qui font la jeunesse si belle
Reviennent-ils jamais gonfler les cœurs flétris !
Les pleurs, les repentirs, les plaintes et les cris
Ont-ils jamais ému l'impassible Cybèle !

Nature indifférente, au secret douloureux,
Prés aux vertes senteurs, forêts aux noirs mystères,
Monts couronnés de pins ou de neiges austères,
Vous êtes sans pitié, comme tous les heureux !