L'arc en main, à l'endroit où le Nil fait un coude,
Sur la digue à laquelle une oasis se soude.
– C'est bien ! dit Souré-Ha ; tiens ! Prends vite, et t'enfuis ! »
Il disparut d'un bond. Le Nil flamboyait. Puis
Il emporta bientôt sur les canges royales
Le cortège et les chants des lyres triomphales.
« Que regardes-tu donc, ma sœur, autour de toi ?
Dit Samhisis. Je veux que ce soir, près de moi,
Chacune ait sa chanson comme sa banderole.
Tous tes désirs, dis-les. N'as-tu pas ma parole ?
Parle ! » - Alors, Souré-Ha : « Si je te demandais
De m'asseoir à ta place un instant sous ton dais,
Et d'essayer un peu ta pose et ta parure ?
J'en serais plus rieuse après, je te le jure ! »
Ce caprice jaloux sut plaire à Samhisis.
Comme la conque d'or de la déesse Isis,
La cange suit le fleuve auguste en sa descente.
Souré-Ha sous le dais se tient, éblouissante ;
Et tandis que son être est brisé de douleurs,
En s'efforçant de rire, elle arrête les pleurs,
Les derniers, que ramène une pensée amère.
Qu'elle était belle ainsi, dans sa gloire éphémère !
Belle comme l'étoile au ciel tout constellé
Qui surgit et qui meurt après avoir brillé !
Mais près des joncs mêlant sur les bords verts de l'île
Leurs rameaux plus touffus, la barque vient, tranquille.
Aussitôt Thaéri s'est levé dans la nuit.
Il croit voir Samhisis ; - et la corde sans bruit
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