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Comme un ramier blessé qui dans les airs tournoie
Poursuivi par le bec d'un sombre oiseau de proie,
Souré-Ha mesurait l'abîme de son sort.
« Comme il l'aime ! Dit-elle. Eh bien ! Mieux vaut la mort.
C'est moi qu'il frappera ; moi, qui mourrai, contente
Si c'est lui qui me tue, en ses bras palpitante ! »
La nuit dans le vieux Nil baignait son pied charmant,
Et, sereine, invitait l'homme au recueillement.


VI

Rêves inassouvis des amours impossibles,
Rongerez-vous toujours de vos dents invincibles
Le misérable fou qui de vous s'est épris ?
Quoi ! Parce qu'aux éveils de la chair, et surpris
Par les vagues chaleurs montant d'une étincelle,
Il but l'amer venin qu'un azur faux recèle,
Serpents mélodieux, le mordrez-vous toujours ?
Ne fuirez-vous jamais, charmes de ses beaux jours ?
Est-ce un crime d'aimer ? C'est donc un culte impie
Que l'amour ? Jusqu'à quand faudra-t-il qu'on expie
Les parfums qu'on brûla sur l'ineffable autel ?
Le songe des vingt ans doit-il être immortel ?
L'homme est né pour souffrir, oublier et se taire ;
C'est un homme, celui qui dans la route austère