Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée


V

L'horizon au dieu Phré rouvrait ses beaux portiques.
Cependant par le Nil qui court aux mers antiques,
Sans peur de l'amphibie au guet sous les roseaux,
Un homme nage et fend rapidement les eaux.
A travers les lotus de la berge il arrive
Et touche aux bords. à peine a-t-il franchi la rive,
Que sur ses membres nus, sur son torse bronzé,
Les rayons du soleil dans un air embrasé
Avaient bu l'eau du fleuve et guéri la fatigue.
Il est tout jeune et beau. La nature prodigue
Lui donna plus : la force ; et l'on voit la fierté
Ennoblir sa démarche avec la volonté.
Il sait droit devant lui regarder un obstacle ;
Il n'est pas de ceux-là qui traînent en spectacle
La blessure d'un cœur lâchement résigné ;
Pour chérir un supplice atroce, il n'est pas né.
Il marchait au hasard, solitaire, et très calme ;
Comme un dieu méprisant qui réserve sa palme,
Jusqu'ici pour la femme il n'avait qu'un dédain.
Nul sourire n'usait sa rigueur. Mais soudain