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Médite un autre arcane, héritage plus vieux,
Ou déchiffre un par un les cartouches des dieux.
Aussi jaune que l'est la peau d'une momie,
Sous la lampe jamais éteinte ! Unique amie !
Son crâne large et ras se plisse abondamment.
Silencieux, perdu dans son recueillement,
Plein d'horreur, il épelle un livre fatidique
Dans les rites anciens qu'un prêtre mort indique,
Et tous les jours de feu, tous les soirs constellés,
Il sonde avec Hermès les siècles écoulés.
Sa robe aux bords salis serpente sur les dalles ;
Et sur les bouts pointus de ses larges sandales
Un nobre s'illumine en traits mystérieux.
Que le Nil, débordé de son lit, furieux,
Menace d'engloutir Memphis sur son passage :
Il n'aurait aucun pli d'effroi sur le visage ;
Sans entendre, sans voir, sans un geste, il mourrait ;
Car il cherche l'obscur et terrible secret ;
Car son regard perçant plonge à travers le vide,
Car son doigt décharné qu'il promène est avide
De soulever enfin le grand voile d'Isis.
Il vit tout seul au sein d'un rêve immense assis.
Déjà l'ombre au dehors croissait dans les savanes.
C'était, loin des faubourgs, l'heure où les caravanes
Vont replier la tente, et sur les sables blancs
Reprendre le chemin du désert, à pas lents.
Quelqu'un entré sans bruit souilla l'austère asile
Du vieux mage, et lui dit : « Sors du songe où s'exile