Et sur lequel remonte un nuage vermeil,
Aurore de l'amour, chaste et brûlant éveil !
La brune Souré-Ha comprit que la nature
N'avait pas de sanglot, pas de note assez pure
Dignes de terminer son hymne de douleurs,
Et s'arrêta, laissant couler en paix ses pleurs.
Goutte à goutte ils tombaient de leur source divine ;
Et quelque boucle sombre errant sur sa poitrine,
Semblait vouloir chercher et boire avidement
Ces pleurs, ces pleurs d'amour, ignorés de l'amant !
Sur de nombreux coussins où se perd l'arabesque,
Les yeux distraits tournés vers les murs tout à fresque,
Samhisis, au teint clair, au beau bras délié,
S'abandonne, un jarret sous l'autre replié.
Son corps est sinueux comme une souple plante ;
Et s'il vient à bouger, sa gorge étincelante
écarte des tissus le bout d'un globe dur.
Quelle caresse aurait sa prunelle d'azur !
Mais ce n'est pas l'amour qui pèse sur sa tête ;
Ce qui fait s'abaisser, dans une heure inquiète,
Comme un long vol d'oiseaux au bord d'un lac, le soir,
Ses sourcils, ce n'est pas un secret désespoir.
Non ; c'est l'ennui stagnant sur Memphis écrasée
Qui l'accable, et sa peau si fine est moins rosée,
Et son petit pied nu, dans l'ombre, par instant,
hors du pagne lamé s'éclaire en s'agitant.
Quand Souré-Ha se tut, ses mains encore errantes
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