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Dont une clarté douce anime chaque trait
Et la bouche qui luit plus pourpre et semble humide.
— Mâhall sur l'escabeau recommence tout bas :
« Il sait des secrets plus vieux que la tombe !
— La pluie aux grains froids sur mes membres tombe.
Oh ! Rouge est la fleur ! Mortel son poison !
Pourquoi la veut-il ? Pour quelle hécatombe ?
Moi, dans la forêt, je cours sans raison ! ...
Un mort veut baiser, ô fleur ! Ton poison !
« Hier, j'ai frotté de poison sa bouche.
Dans son cadre il dort : que nul ne le touche !
— Le désir des morts dompte les vivants... »
— « Non, non ! - pense Gemma, - quelque obstiné fluide
Jaillit de ces yeux noirs qui ne me quittent pas.
La mort a des secrets plus anciens que la tombe !
L'éclat qui m'enveloppe et sous qui je succombe,
Quel peintre aurait donc su le fixer dans ces yeux ?
Non ! N'est-ce pas plutôt qu'un être toujours triste
Me poursuit par delà son exil soucieux ?
Qu'un amour idéal auquel rien ne résiste
Triomphe enfin après que les sens sont glacés ?
Ah ! S'il en est ainsi, chère ombre ! C'est assez !
Cesse de t'agiter ! Ou vengeance ou victoire,
Vois, je t'aime aujourd'hui plus que tu ne m'aimais !
Apaise-toi ! Tu peux me sourire et me croire !
Plus que ne fit le tien, mon cœur saigne à jamais ;