« Il sait des secrets plus vieux que la tombe !
— La pluie aux grains froids sur mes membres tombe... »
Les yeux sur le portrait, Gemma ne l'entend pas ;
Son corps est immobile et sa lèvre est muette,
Mais sa détresse ainsi toujours gonfle son sein :
— « Ah ! Dans ces yeux ouverts une âme se reflète !
Et j'y vois clairement tourbillonner l'essaim
Des vœux et des mépris qui maintenant me rongent !
Tyranniques regards ! Comme en les miens ils plongent !
Beaucoup plus haut en moi que les yeux d'un vivant,
Ils parlent nuit et jour et m'ont enfin soumise ;
Et j'y revois au jeu d'un reflet décevant
Tous les édens murés de la terre promise !
Mais les inassouvis s'endorment-ils jamais ?
Leur donnes-tu l'oubli, toi qui nous le promets,
Ô mort ? - Lui, voudra-t-il m'oublier dans ta fosse ?
Il n'aimait point alors ! Seule, je sais aimer,
Moi qui sens que ta voix comme toute autre est fausse,
Et qu'à l'heure où sur moi le plomb va se fermer,
Mon amour éternel, martyrisant délice,
M'écrasera les seins de son royal cilice !
Mais non ! S'il était vrai que pour l'éternité
Rien ne survît, ô mort ! De l'humaine amertume ;
Si malgré toi là-bas il n'a rien emporté,
Qui donc met dans ses yeux comme un appel posthume ? »
Et Gemma se rapproche et touche le portrait,
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