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Peut-être toi ! vieil arbre immobile ! Murmure !
Enseigne-moi ! Notre âme est une autre ramure.
Elle flotte. Elle s’ouvre, immense, à la merci
De vents mystérieux. Tout entière elle aussi
Vibre parfois. Des mots obscurs l’ont traversée !
Ce souffle en était plein. — Qui dit qu’une pensée
N’est pas comme un parfum : un corps aérien ?
Tout voyage. Tout vit. Tout se transforme. Rien
Ne périt. Tout renaît. Tout souffre. Tout se mêle.
Et tout cherche ailleurs. Quoi ? L’anxiété jumelle,
Sans doute ; en vos fumiers, désirs ! en votre exil,
Regrets ! au plus profond des cœurs, au plus subtil
Des choses. — Le couchant à l’infini recule.
Une étoile ! Vénus ! qui passe au crépuscule !
— Il était triste autant, ce souffle ! et si léger !
Qu’apportait-il ? — Moi seul l’ai senti voltiger.
J’en suis sûr : il voulait depuis longtemps renaître.
Est-ce en quelqu’un ? — Le froid de la mort me pénètre.
C’était comme un dernier effort vers moi ; si lent !
Si las ! Comme un suprême effluve s’exhalant ;
Comme un adieu resté muet ; comme une haleine ;
Comme une voix défunte ! — Oh ! La brume ! Elle est pleine
De fantômes. Je marche à travers eux. Qui sait ?
S’il s’était échappé d’une tombe ! Il poussait
Un souvenir de plainte, un rappel de caresse,
Quelque message au but. — Je frissonne. Serait-ce
L’envoi que j’ai longtemps espéré ? — nos douleurs
S’apaisent ; puis les jours nouveaux portent les leurs.
On ne sait quoi nous traîne ; on va. Lâche habitude !