VI
Sous la nappe sans bord de cette pourpre horrible
Le soleil s'éclipsa d'un coup brusque, et le ciel
À sa place creusait son azur solennel,
Par delà le regard, par delà l'invisible.
Et dans l'éther profond, sous cette pourpre horrible,
Des astres inconnus s'enfonçaient dans le ciel,
Toujours, toujours plus loin, au fond de l'insondable.
L'éclair de chacun d'eux m'emplissait comme un son ;
Et tous mes sens, vers l'être à mon reflet semblable,
Abandonnaient mon corps dans un dernier frisson.
VII
Comme un épais rideau fait d'un velours rigide,
Montait derrière nous l'ombre du dernier soir ;
Le rouge de la mer se fondait dans le noir ;
Maintenant rien de moi n'allait plus vers mon guide ;
Et sur nous s'élevait comme un rideau rigide
Une éternelle nuit après le dernier soir.
Et là, tout près de moi, ce double de moi-même,
Qui me regardait, plein d'un dédain envieux,
C'était, je le compris, prête à l'adieu suprême,
Mon âme à tout jamais libre sous les grands cieux.
Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/189
Cette page n’a pas encore été corrigée