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II

Une forme flottait, qui semblait mon image.
L'ai-je suivie une heure ou cent ans ? Je ne sais.
Mais j'ai gardé l'effroi des lieux où je passais.
La sueur me glaça de l'orteil au visage
Derrière cette forme où vivait mon image.
Pendant combien de jours terrestres ? Je ne sais.
Mais sous des horizons tout d'encre ou tout de flamme,
Pour toujours je sentais quelque chose en mon cœur
Voler vers cet éclat pour se perdre en sa trame,
Quelque chose de moi qui faisait ma vigueur.


III

Et voilà devant nous qu'une forêt géante
Brusquement balança dans l'espace embrasé
Son manteau par un sang vif et tiède arrosé.
Comme un rouge flocon d'une neige brûlante,
Un âpre vent, du haut de la forêt géante
Jusqu'au sol par les feux du soleil embrasé,
Secouait chaque feuille à travers les ramures.
Et de mon front aussi chaque rêve tombait,
Et dans mon spectre, avec de très lointains murmures,
Chaque rêve tombé de mon front s'absorbait.