Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui vous recueillera pour la source épurée,
Vous inutile encens, larme toujours filtrée ?

Un matin, -qu'ils sont loin déjà, ces temps trop courts ! -
Un matin, j'admirais, l'âme neuve et ravie,
Tout cet enchantement de verdure et de fleurs
Suspendu sur le vide et mêlant leurs couleurs.
Je m'enivrais de joie et d'arôme et de vie.
Hors des bruits de la plaine et du banal regard,
Je laissais ma pensée indolente et distraite,
Sur les recoins ombreux de la douce retraite,
Avec les oisillons voltiger au hasard.
Le soleil à travers les branches pacifiques
Criblait de diamants ces émaux sur ce noir ;
Si bien que l'on eût dit sous la terre entrevoir
L'autre image du ciel dans les nuits magnifiques.
Et pour sonder le creux du soupirail profond,
Pour réveiller l'écho qui dormait sous ces plantes,
J'y fis tomber caillou, pierre et roches branlantes ;
Mais comme au néant même en qui rien ne répond,
Tout s'abîmait. Nul bruit ne monta des ténèbres.
Un horrible frisson de pâleur et de froid
M'envahit tout à coup. Et je m'enfuis tout droit,
Souffleté par le vent des mystères funèbres.