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- « O silence éternel ! ô force aveugle et sourde !
Rocs noirs, prêtres géants de l'immobilité !
Bois sombres dont s'allonge au loin la masse lourde,
Geôliers qu'implore en vain la vieille humanité !

« C'est un levain fatal qui fermente en nos veines !
Le coeur trop ardemment dans la poitrine bat.
Espoirs, doutes, amours, désirs, passions vaines,
Tout meurtris de la lutte et lassés du combat !

« tout ce qui fait, hélas ! La vie et son supplice,
Nature, absorbe-le dans ton sommeil divin !
Que ta sérénité souveraine m'emplisse !
Disperse-moi, nature insensible, en ton sein ! »

- Il laisse alors couler sa dernière amertume,
Les bras en croix dans l'herbe inventive à l'enfouir,
Comme un vaincu qui perd tout son sang s'accoutume
À l'oubli dont la mort commence à le couvrir.

Telle qu'un essaim fou d'invisibles phalènes,
Son âme en voltigeant s'éparpille dans l'air,
Plane sur les coteaux, et descend dans les plaines,
Plonge dans l'ombre et brille avec le rayon clair.

Elle est rocher, forêt, torrent, fleur et nuage.
Tout à la fois vapeur, parfum, bruit, mouvement,
Vibration confuse, inerte bloc sauvage ;
Elle est fondue en toi, nature, entièrement.