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À J-M De Heredia.


 
La nuit glisse à pas lents sous les feuillages lourds ;
Sur les nappes d'eau morte aux reflets métalliques,
Ce soir traîne là-bas sa robe de velours ;
Et du riche tapis des fleurs mélancoliques,
Vers les massifs baignés d'une fine vapeur,
Partent de chauds parfums dans l'air pris de torpeur.
Avec l'obsession rythmique de la houle,
Tout chargés de vertige, ils passent, emportés
Dans l'indolent soupir qui les berce et les roule.
Les gazons bleus sont pleins de féeriques clartés ;
Sur la forêt au loin pèse un sommeil étrange ;
On voit chaque rameau pendre comme une frange,
Et l'on n'entend monter au ciel pur aucun bruit.
Mais une âme dans l'air flotte sur toutes choses,
Et, docile au désir sans fin qui la poursuit,
D'elle-même s'essaye à ses métempsycoses.
Elle palpite et tremble, et comme un papillon,
À chaque instant, l'on voit naître dans un rayon