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II

Moi, Jubal, le dernier de ceux qui par les villes,
Fiers et tristes, en proie aux rires envieux,
Sur la harpe chantaient la valeur des aïeux ;
Qui dans l'abjection des multitudes viles,
Comme un fleuve sonore épanchant leur mépris,
Se renvoyaient l'écho des hymnes désappris.
Moi, maudit avec eux par la foule en ce monde,
Et pour avoir vécu, dans l'autre plus maudit,
Comme vous, héritiers d'une race féconde,
Espoir du vaisseau lâche à nous tous interdit ;
Moi, le dernier chanteur, moi, le dernier prophète
Des premiers temps, qui vais mourir là, sur le faîte,
De l'Ararat, seul pic oublié par les eaux ;
À vous, hommes des jours qui sont encore en rêve,
Par delà les fumiers où pourriront mes os,
Je parle ; écoutez-moi, race d'Adam et d'ève !


III

Race d'Adam et d'Eve ! Ici, sur ce roc noir,
J'ai vu le dernier flux, la dernière rafale,
Offrant