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À mon ami A. Maingard.


 
Sur le divan, pareille à la noire panthère
Qui se caresse aux feux du soleil tropical,
Dans un fauve rayon enveloppant le bal,
Elle emplit de parfums le boudoir solitaire.
Elle rêve affaissée au milieu des coussins ;
Et sa narine s'enfle, et se gonflent ses seins
Au rythme langoureux de la valse lointaine.
Les rires étouffés, les longs chuchotements
Qui voltigent là-bas à l'entour des amants,
Rehaussent le dédain de sa lèvre hautaine.
Paisible, dans la nuit où se plonge son cœur,
Sphinx cruel, elle attend son Oedipe vainqueur.
Elle hait les aveux et les fades paroles,
Les serments, les soupirs connus, les soins d'amour.
Reine muette, elle a pour ces flatteurs d'un jour
Le mépris sans pitié des superbes idoles.
Dardant ses larges cils sous un front olympien,
Elle cherche un regard qui devine le sien.

Car elle saura lire au fond de ce silence