« Moi, le rôdeur sournois et qui veille à l’affût,
Le fomenteur subtil des mauvaises pensées,
Je pris ce malheureux effroyable pour but.
« Et ses chairs tout d’abord furent cicatrisées ;
Je le guéris sur l’heure, et le soutins debout
N’ayant plus souvenir de ses hontes passées.
« Il regarda la cuve où s’amoncelle et bout
L’épais fourmillement des hommes, et qui fume ;
Puis l’horizon qui n’a commencement ni bout ;
« Et je vis qu’il restait dévoré d’amertume
En songeant à l’angoisse où ton peuple croupit
Sous ton oeil clos au fond d’une insondable brume.
« Je rendis la jeunesse à son corps décrépit ;
Je dressai l’arc noueux et brisé de son torse ;
Après, j’enveloppai ses membres d’un habit.
« La ville flamboyait comme une immense amorce.
Je lui dis : « Va ! La vie est bonne ; sois heureux ! »
Et je fis resplendir la beauté sur sa force.
« Il y marcha, parmi des mendiants poudreux ;
Et je vis, le suivant pas à pas à la piste,
Qu’il se sentait imbu du fiel de leurs yeux creux.
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