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— « Sur un fumier, couvert d’une lèpre vorace,
Un être, dit Satan, sans amis, sans espoir,
Survivait, en opprobre à tous ceux de sa race.

« C’était un homme. Nu, gisant, horrible à voir,
Avec un caillou plat il grattait ses ulcères,
Le jour durant sans pain, et sans sommeil le soir.

« Si pour te réjouir les maux sont nécessaires,
Il avait en cela cent fois bien mérité ;
Car ce juste n’avait point d’égal en misères.

« Loin de tous, en dehors des murs d’une cité,
Dans le pays de Hus où le péché domine,
Il maudissait la vie et ton iniquité.

« Oui, tordu par son mal, mangé par la vermine,
Vile forme sans nom parmi les animaux,
Il ouvrait ce regard que la haine illumine. »

Le Très-fort dit : « Qu’importe une chair en lambeaux ?
Le juste est celui seul qui lui-même s’oublie,
Et ne contemple pas uniquement ses maux.

— « Celui-ci n’avait point une âme ensevelie
Dans son propre tourment, si monstrueux qu’il fût :
Les pleurs universels l’avaient toute remplie.