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Sans qu'il lui fût permis de germer ni d'éclore,
Tu l'arrachas, confuse à tes tempes encore !

Va ! Tu la rejetais de tes tempes en vain !
Car il est entre tous un infernal levain
De martyres sans nom, sans pitié ni remède,
Un philtre qui bouillonne et dévore les cœurs,
Surpassant le venin des terribles liqueurs
Que la hutte sauvage en avare possède ;
Et, pour empoisonner un homme, un seul instant
Lui suffit, et c'est trop d'un symptôme flottant.

Tu t'indignes en vain ; en vain tu te récries
Et demandes pardon à leurs cendres chéries !
Car un appel de jour en jour plus triomphant
T'attire et te retourne anxieux, et te cloue,
Muet, tordu d'angoisse et la glace à la joue,
éloigné de ton fils, du fatidique enfant
De la morte, et te force à saisir au passage
On ne sait quel vivace et plus sûr témoignage !

Est-ce bien là ton fils, l'innocent qui grandit
Dans tes salles ? Celui que toi, père maudit,
Tu contemples, hagard de voir que dans son geste
Se trace d'heure en heure un vivant souvenir,
Que sur sa lèvre un pli connu va revenir,
Que le feu d'un regard inoubliable reste
Sous son front, et qu'enfin, dans l'étrange héritier,
Un mort semble vouloir revivre tout entier !