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Du matin morne au soir lugubre, l'oeil baissé,
Il reprend le chemin du cher pèlerinage ;
Et sa double douleur augmente avec son âge ;
Et vos traits qu'il évoque émergent du passé
Plus glorieux, plus beaux, plus purs, ineffaçables,
Ô morts ! Qu'il a lui-même étendus sous les sables !

Morts bénis, allongeant vos membres décharnés !
Si pour la trahison vous êtes jadis nés,
Vous avez savamment vécu la tête haute ;
Et n'ayant point monté les cavales sans mors
Des passions sans crainte et sans pudeur, ô morts !
Ayant vaincu la vie, oubliez votre faute,
Confiants tous les deux, abrités, n'est-ce pas ?
Dans l'ombre impénétrable et lourde du trépas !

Hemrick ! C'est trop longtemps te complaire au supplice
Des pleurs sur les tombeaux, du blasphème qui plisse
Ton front qu'un orgueilleux bonheur avait sculpté !
Viens ! Penche-toi ; souris vers la blonde auréole
De ce frêle orphelin qui t'implore, symbole
De l'amour renaissant de sa fragilité,
Consolateur suprême, adorable héritage,
Où ton désir s'obstine à revoir une image !

Mais il marche, l'enfant qui jouait au berceau
Quand la mère en tes bras se roidit, sous le sceau
De la mort étendant sa main séparatrice ;
Et tu cherches toujours, d'un regard jamais las,