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L'humilia plus bas que Hemrick, devant toi,
Myriann ! Plus docile et courbé sous ta loi ?

Lui, le breton épris des hasards, dont l'épée
Sans cesse étincelait à quelque œuvre occupée ;
Lui, l'altier successeur d'aïeux vindicatifs,
Qui méprisait l'amour et haïssait les chaînes,
On le vit, oubliant sa superbe et ses haines,
N'avoir d'autres soucis que tes désirs furtifs,
Que l'ombre de ton front chassée, ou d'autre ivresse
Que de faire à ta vie un rempart de tendresse !

Dix ans, tu lui souris, sans que ta douce main,
Comme pour lui cacher l'anneau d'or de l'hymen,
Ait une fois tremblé de crainte dans la sienne !
Sans qu'à ta lèvre rose ou qu'à ta joue en fleur
Résidât le silence ou courût la pâleur
D'un remords né la veille ou d'une faute ancienne ;
Et les lacs bleus des bois entre les joncs luisants
Sont moins clairs que tes yeux ne furent clairs, dix ans !

Et quelle âme, elle-même à ce point avilie,
À ce point se traînant dans l'écume et la lie
Des mystères impurs de ce monde pervers,
Aurait pu, même une heure, un seul instant jalouse,
Pour y lire les mots qu'enfouit une épouse,
Regarder par delà ton front lisse, à travers
Le limpide cristal de ton amour, ô femme !
Sans reculer bien vite et se sentir infâme ?