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Par les âpres sentiers qui tournent dans le val,
Laissant à chaque pas trébucher son cheval,
Hemrick, le veuf, encor ferme et haut sur la selle,
Pâle, et les yeux là-bas fixés sur l'occident,
Regagne sans valet sa demeure ; et pendant
Que tout près d'éclater l'orage s'amoncelle
Sur sa tête, il écoute en lui, profondément,
Retentir les échos d'un vaste ébranlement.

Car dans son âme, ainsi qu'un mineur dans la mine
Entre d'étroits couloirs rampe, creuse et chemine,
Et depuis très longtemps, la lampe sourde au poing
Ou le pic dur levé, se dévoue à sa tâche,
S'acharne sur le roc, frappe, écarte et détache
Quelque bloc descellé qu'on ne remplace point,
Dans son âme dardant des lumières livides,
Un soupçon a creusé de lamentables vides.

Ah ! Que de jours maudits et que de nuits bien plus
Maudites l'ont étreint dans un flux et reflux
De doutes, de stupeurs, de luttes, d'agonies,
Depuis le premier coup mystérieux porté
Dans sa douleur pieuse et dans sa loyauté !
Depuis que, pour blêmir au glas des insomnies,
Il suivait l'invisible et fatal promeneur
Sapant tout ce qui fut sa gloire et son bonheur !

Sa confiance était comme un sol granitique
Où ses pensers, hautains ainsi qu'un bois antique,