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Il s’aperçut du conflit qui se passait en moi :) — Qu’avez-vous ? me dit-il.

MOI. — Rien.

LUI. — Vous me paraissez troublé !

MOI. ― Je le suis aussi.

LUI. — Mais enfin que me conseillez-vous ?

MOI. — De changer de propos. Ah ! malheureux, dans quel état d’abjection vous êtes tombé !

LUI. — J’en conviens. Mais cependant que mon état ne vous touche pas trop ; mon projet, en m’ouvrant à vous, n’était point de vous affliger. Je me suis fait chez ces gens quelques épargnes ; songez que je n’avais besoin de rien, mais de rien absolument, et que l’on m’accordait tant pour mes menus plaisirs[1].

  1. Toutes les éditions parlent en note après ce passage que le lieu de la scène est changé et que l’on doit supposer que les interlocuteurs sont entrés dans un café où il y a un clavecin. Gœthe et le traducteur de sa traduction ne parlent pas de clavecin et indiquent seulement que Diderot et son compagnon sont entrés dans une maison proche du Palais-Royal. Nous avons cherché à nous rendre compte de ce changement de scène, qui ne nous a paru nullement motivé. Qu’il y ait une lacune, un blanc dans les manuscrits à cet endroit, cela est possible ; mais il est bien certain, et par mille preuves, que du commencement de la conversation jusqu’à la fin les interlocuteurs