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Grece dans cette petite île, pour y adorer le dieu Esculape. Ce culte qui la rendoit si fameuse, y avoit été apporté par ceux d’Epidaure. Ils partirent du territoire d’Argos, pour venir fonder une colonie en ce lieu, & ils lui donnerent le nom de leur ancienne habitation.

Les Latins s’étant emparés de Constantinople, accorderent l’île de Malvoisie ou l’Epidaure, à un seigneur françois nommé Guillaume. Peu de tems après, Michel Paléologue s’en empara ; les Vénitiens la ravirent à Paléologue ; Soliman la reprit sur les Vénitiens en 1540, mais ils s’en rendirent de nouveau maitres an 1690. La capitale de cette île se nomme aussi Malvasia, voyez-en l’article.

Malvazia, (Géogr.) ville capitale située dans l’île de ce nom. Elle est sur la mer au pié d’un rocher escarpé, au sommet duquel est une forteresse. Il ne faut pas confondre cette ville avec Epidaurus, Limera, qu’on appelle aujourd’hui Malvasia la vieille, & dont les ruines subsistent à une lieue de-là. Parmi les ruines de cette ancienne ville, on voit encore les débris du temple d’Esculape, où l’on venoit autrefois de toute la terre pour obtenir la guérison des maladies les plus désespérées.

Le port de la nouvelle Malvazia n’est pas si bon que celui de l’ancienne, & ne mérite pas comme elle le surnom de Limera, néanmoins cette ville est assez peuplée. Les Grecs y ont un archevêque.

Le savant Arsenius, ami particulier du pape Paul III. & qui fit sa soumission à l’église romaine, a été le plus illustre dans cette place, à ce que disent les Latins ; mais sa mémoire est odieuse aux Grecs, qui prétendent qu’après sa mort, il devint broncolakas, c’est-à-dire que le démon anima son cadavre, & le fit errer dans tous les endroits où il avoit vécu. La nouvelle Malvazia est à 20 lieues S. E. de Misistra, & 30 S. O. d’Athènes. Soliman II. la prit sur les Vénitiens en 1540. Long. 41. 18. lat. 36. 59.

MALVEILLANCE, & MALVEILLANT, (Gram.) qui a la volonté de faire du mal, ou plus exactement peut-être, qui veut mal à quelqu’un, par le ressentiment du mal qu’il a fait. D’où il paroît que la malveillance est toujours fondée, au lieu qu’il n’en est pas ainsi de la mauvaise intention. Il est facile aux ministres de tomber dans la malveillance du peuple, sur-tout lorsque les tems sont difficiles.

MALVERSATION, s. f. (Jurisprudence.) signifie toute faute grave commise en l’exercice d’une charge, commission, ou maniement de deniers. (A)

MALUM, (Anatomie.) os malum, voyez Pommette.

MALVOISIE, (Botan.) la malvoisie est un raisin de Grece d’une espece particuliere, dont on faisoit le vin clairet, auquel il a donné son nom. On cueilloit les grappes avec soin, on ne prenoit que celles qui étoient parfaitement mûres pour les porter au pressoir. Quand le vin avoit suffisamment fermenté, on le tiroit en futailles, & l’on y jettoit de la chaux vive, afin qu’il se conservât pour le transporter dans tous les climats du monde.

L’ancien vin de malvoisie croissoit à Malvasia, petite île de Grece dans la mer qui baigne la partie orientale de la Morée. Il étoit encore un des plus célebres dans le siecle passé. On sait qu’Edouard IV. roi d’Angleterre, ayant condamné son frere Georges, duc de Clarance, à la mort, & lui ayant permis de choisir celle qui lui sembleroit la plus douce, ce prince demanda d’être plongé dans un tonneau de malvoisie, & finit ainsi ses jours. Ce vin de malvoisie ne venoit pas seulement à Malvasia & sur la côte opposée, on en recueilloit encore sous ce nom en Candie, à Lesbos, & en plusieurs autres îles de l’Archipel. Aujourd’hui nous ne le goutons plus, la mode en est passée. Ce que nous nommons vin de malvoisie

n’est point un vin de Grece, c’est un vin qui se recueille dans le royaume de Naples, ou une espece de vin muscat de Provence, qu’on cuit jusqu’à l’évaporation du tiers, & dont on fait peu de consommation.

Le vin de malvoisie des anciens Grecs n’est point celui que les Latins appelloient Arvisium vinum, comme le dit le dictionnaire de Trévoux ; c’est le vin d’Arvis, montagne de l’île de Scio, qui portoit ce nom. (D. J.)

Malvoisie, vinum malvaticum, (Diete & Mat. med.) espece de vin de liqueur souvent demandé dans les pharmacopées pour certaines compositions officinales, & que les Medecins prescrivent aussi spécialement quelquefois comme remede magistral.

Ce vin ne possede d’autre qualité réelle que les vertus communes des vins de liqueur. Voyez l’article Vin, Diete & Mat. med. (b)

MAMACUNAS, (Hist. mod. culte.) c’est le nom que les Péruviens, sous le gouvernement des Incas, donnoient aux plus âgées des vierges consacrées au soleil ; elles étoient chargées de gouverner les vierges les plus jeunes. Ces filles étoient consacrées au soleil dès l’âge de huit ans ; on les renfermoit dans des cloitres, dont l’entrée étoit interdite aux hommes ; il n’étoit point permis à ces vierges d’entrer dans les temples du soleil, leur fonction étoit de recevoir les offrandes du peuple. Dans la seule ville de Cusco on comptoit mille de ces vierges. Tous les vases qui leur servoient étoient d’or ou d’argent. Dans les intervalles que leur laissoient les exercices de la religion, elles s’occupoient à filer & à faire des ouvrages pour le roi & la reine. Le souverain choisissoit ordinairement ses concubines parmi ces vierges consacrées ; elles sortoient de leur couvent lorsqu’il les faisoit appeller ; celles qui avoient servi à ses plaisirs ne rentroient plus dans leur cloitre, elles passoient au service de la reine, & jamais elles ne pouvoient épouser personne ; celles qui se laissoient corrompre étoient enterrées vives, & l’on condamnoit au feu ceux qui les avoient débauchées.

MAMADEBAD, ou MAMED-ABAD, (Géogr.) petite ville d’Asie dans l’Indoustan, à cinq lieues de Nariad. Ses habitans sont Banians, & font un grand trafic en fil & coton. (D. J.)

MAMMAIRE, adj. en Anatomie, se dit des parties relatives aux mammelles. Voyez Mammelles.

L’artere mammaire interne vient de la partie antérieure de la souclaviere, descend le long de la partie latérale interne du sternum, & va se perdre dans le muscle droit du bas-ventre ; elle communique avec la mammaire externe, avec les arteres intercostales & l’artere épigastrique. Voyez Epigastrique, &c.

L’artere mammaire externe. V. Thorachique.

MAMANGA, s. m. (Bot. exot.) arbrisseau fort commun au Brésil, décrit par Pison dans son histoire naturelle du pays. Sa feuille approche de celle du citronnier, mais elle est plus molle & un peu plus longue ; ses fleurs sont jaunes, attachées à des queues, & pendantes. Il leur succede des siliques oblongues, vertes d’abord, noires ensuite, qui se pourrissent aisément. Elles sont remplies de semences. Ses fleurs passent pour être détersives & vulnéraires. On tire de ses gousses un suc huileux, propre à amollir & à faire résoudre les abscès. (D. J.)

MAMBRÉ ou MAMRÉ, (Hist. eccles.) c’est le nom d’une vallée très-fertile & fort agréable dans la Palestine, au voisinage d’Hébron, & à 31 milles environ de Jérusalem. M. Moréry, je ne sais sur quel fondement, en fait une ville : à la vérité, l’épithete de ville fertile prouve que c’est ou une faute d’impression, ou d’inadvertence de sa part ; ce lieu est célebre dans l’Ecriture sainte, par le séjour que le patriarche Abraham y fit sous des tentes, après