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perd son ancienneté, & ne la commence que du jour de sa profession. Dès que ses preuves sont reçues, il peut porter la croix d’or, que les autres ne doivent porter qu’après avoir fait leurs vœux.

A l’égard des chevaliers-pages, le grand-maître en a seize qui le servent depuis douze ans jusqu’à quinze ; & à mesure qu’il en sort, d’autres les remplacent. Après avoir obtenu de son éminence leur lettre de page, ils doivent se présenter au chapitre ou à l’assemblée provinciale, pour obtenir commission de faire leurs preuves à l’âge d’onze ans. Lorsqu’elles sont admises, ils vont à Malte faire leur service ; à quinze ans ils commencent leur noviciat, & font profession à seize. Leur passage est de deux cens cinquante écus d’or, & on ne le rend point si leurs preuves sont rejettées. Leur ancienneté court du jour qu’ils entrent en service.

Les chapelains, diacos & freres servans peuvent être gentilshommes ou nobles de nouvelle création ; mais ce n’est pas une condition essentielle ; il suffit qu’ils soient d’une famille honnête. Il y a aussi des servans d’office employés à Malte au service de l’hôpital, & à de semblables fonctions ; des donnés ou demi-croix qui sont mariés, & qui portent une croix d’or à trois branches ; celle des chevaliers en a quatre, aussi-bien que celle des chapelains & des servans d’armes ; mais ceux-ci ne la portent que par permission du grand-maître.

Outre la croix octogone de toile, qui est la marque de l’ordre, lorsque les chevaliers tant novices que profès, vont combattre contre les infideles, ils portent sur leur habit une soubreveste rouge, chargée devant & derriere d’une grande croix blanche sans pointes. L’habit ordinaire du grand-maître est une sorte de soutane de tabis ou de drap, ouverte par le devant, & liée d’une ceinture d’où pend une grosse bourse, pour marquer la charité envers les pauvres, suivant l’institution de l’ordre. Par-dessus ce vêtement il porte une robe de velours, ou plus communément un manteau à bec. Au-devant de la soutane, & sur la robe, vers la manche gauche, est une croix à huit pointes.

Depuis que la confession d’Augsbourg s’est introduite en Allemagne, les princes qui en embrassant cette religion, se sont approprié les revenus ecclésiastiques, se sont aussi arrogé le droit de conférer les commanderies qui se trouvoient dans leurs pays, & de conférer l’ordre de S. Jean de Jérusalem à des hommes mariés qui portent la croix de Malte ; mais l’ordre ne les reconnoît point pour ses membres. Brazen de la Martin. addit. à l’Introduct. de l’histoire de l’univers par Puffendorf, tom. II.

Il y a aussi des religieuses hospitalieres de l’ordre de S. Jean de Jérusalem, aussi anciennes que les chevaliers, établies à Jérusalem en même tems qu’eux, pour avoir soin des femmes pélerines dans un hôpital différent de celui des hommes qui étoient reçus & soignés par les anciens hospitaliers, aujourd’hui chevaliers de Malthe.

Malthe, terre de, (Hist. nat. Miner.) on compte deux especes de terre, à qui on donne le nom de terra melitensis ou de terre de Malthe ; l’une est une terre bolaire fort dense & fort pesante ; elle est très-blanche lorsqu’elle a été fraîchement tirée, mais en se séchant elle jaunit un peu. Elle est unie & lisse à sa surface, s’attache fortement à la langue, & se dissout comme du beurre dans la bouche ; elle ne fait point effervescence avec les acides, & l’action du feu ne change point sa couleur. On la regarde comme cordiale & sudorifique.

La seconde espece de terre de Malthe est calcaire, elle est fort legere & se réduit en poudre à l’air. Etant sechée, elle devient grisâtre & rude au toucher & friable ; elle fait effervescence avec les aci-

des, & doit être regardée comme une espece de

craie ou de marne. Le préjugé la fait regarder comme un grand remede contre la morsure des animaux venimeux. Ces deux especes de terre se trouvent dans l’île de Malthe qui leur a donné leur nom. Voyez Hill, hist. nat. des fossiles. (—)

MALTHON, (Géog.) petite ville à marché d’Angleterre en Yorckshire : elle envoie ses députés au parlement. (D. J.)

MALTOTE, la, s. f. (Finances.) se disoit des partisans qui recueillent les impositions. Quoiqu’il faille distinguer les maltotiers qui perçoivent des tributs qui ne sont pas dûs, de ceux qui ont pris en parti des contributions imposées par une autorité légitime ; cependant on est encore dans le préjugé que ces sortes de gens en général, ont par état le cœur dur ; parce qu’ils augmentent leur fortune aux dépens du peuple, dont la misere devient la source de leur abondance. D’abord ce furent des hommes qui s’assemblerent sans se connoître, qui se lierent étroitement par le même intérêt ; qui la plûpart sans éducation, se distinguerent par leur faste, & qui apporterent dans l’administration de leur emploi une honteuse & sordide avidité, avec la bassesse des vûes que donne ordinairement une extraction vile, lorsque la vertu, l’étude, la philosophie, l’amour du bien public, n’a point annobli la naissance. (D. J.)

MALTRAITER, Traiter mal, (Grammaire.) maltraiter dit quelque chose de pire que traiter mal ; il signifie outrager quelqu’un, soit de parole, soit de coups de mains ; il désigne à ces deux égards des traitemens violens ; & quand on marque la maniere du traitement violent, on se sert du mot maltraiter. Un brave homme ne se laisse point maltraiter par des injures. Des assassins l’ont si maltraité qu’on craint pour sa vie. Maltraiter dans le sens de faire mauvaise chere, ne se dit qu’au passif : comme on est fort maltraité dans cette auberge ; nous allâmes dîner hier chez un gentilhomme, où nous fûmes fort maltraités. Traiter mal se dit figurément du jeu, de la fortune, &c. Le cavagnol me traite mal depuis huit jours. Ces remarques sont pour les étrangers, à qui notre langue n’est pas encore familiere.

MALVA, (Géogr. anc.) & dans Pline, Malvana, riviere de la Mauritanie tingitane, qui selon Antonin, séparoit les deux Mauritanies, la tingitane & la césariense. Marmol nomme cette riviere Maluya ; Casteld l’appelle Malulo ; M. de Lisle écrit Meluya, & d’autres écrivent Molochat.

MALUA, (Géogr.) M. Baudrand écrit Malvay, royaume d’Asie dans l’Indoustan, où il fait partie des états du Mogol. Ce royaume est divisé en onze sarcars ou provinces, & en 250 petits parganas ou gouvernemens, qui rendent 99 lacks, & 6250 roupies de revenu au souverain. Le pays est fertile en grains, & commerce en toiles blanches & en toiles de couleurs. Ratipor en est la capitale. Le pere Catrou la nomme Malua, de même que le royaume. Il en établit la long. à 103. 50. & la lat. à 26.

MALVAZIA, ou MALVESIA, & par les François, MALVOISIE, (Géogr.) petite île de la Grece, sur la côte orientale de la Morée. Elle n’est éloignée de la terre ferme que d’une portée de pistolet. On passoit dans le dernier siecle de l’une à l’autre sur un pont de pierre.

Le territoire de cette île n’a en tout que trois milles de circuit. Il ne peut donc contenir que la plus petite partie de ces vignes célebres, qui rapportent les vins clairets que nous nommons vins de Malvoisie. Mais ces plants fameux regnent & s’étendent à quelques lieues de-là, sur la côte opposée depuis la bourgade Agios Paulos, jusqu’à Porto della Botte.

On accouroit autrefois de tous les endroits de la