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peut-être le Malanius d’Etienne le géographe.

MAIDSTONE, (Géogr.) en latin Madus & Vagniacum, ville à marché d’Angleterre au pays de Kent, sur Medway. Elle est assez considérable, bien peuplée ; elle envoie deux députés au parlement, & est à 9 lieues E. S. de Londres. Long. 18. 20. lat. 51. 21.

MAIED, (Géog.) île d’Asie dans l’Océan oriental, sur la côte de la Chine, à trois journées de navigation de l’île Dhalah. Les Chinois y font un grand trafic.

MAIENNE, la, (Géog.) riviere de France. Voyez Maine, le, (Géog.)

Maienne, (Géograph.) ville de France. Voyez Mayenne. (D. J.)

MAJESQUE, (Jurisprud.) terme usité dans le Béarn pour exprimer le droit que quelqu’un a de vendre seul son vin pendant tout le mois de Mai à l’exclusion de toutes autres personnes. Ce droit a pris sa dénomination du mois de Mai, pendant lequel se fait cette vente. Il est nommé dans les anciens titres maïade, majeneque & majesque : c’est la même chose que ce qu’on appelle ailleurs droit de banvin.

Centule, comte de Béarn, se réserva le droit de vendre ses vins & ses pommades ou cidres, provenans de ses rentes ou devoirs pendant tout le mois. Ce droit est domanial, il appartient au souverain dans les terres de son domaine, & aux seigneurs particuliers dans leurs villages ; mais présentement ce droit n’est presque plus usité, attendu que les seigneurs en ont traité avec les communautés moyennant une petite redevance en argent que l’on appelle maïade. On a aussi donné le nom de majesque au contrat que les communautés de vin passent avec un fermier pour en faire le fournissement nécessaire, aux conditions qui sont arrêtées entr’eux ; & comme ces sortes de monopoles sont défendus, ces contrats de majesque ne sont valables qu’autant que le parlement en accorde la permission. Voyez M. de Marca, hist. de Béarn, liv. IV. ch. xvij. & le glossaire de Lauriere, au mot Maïade. (A)

MAJESTÉ, s. f. (Hist.) titre qu’on donne aux rois vivans, & qui leur sert souvent de nom pour les distinguer. Louis XI. fut le premier roi de France qui prit le titre de majesté, que l’empereur seul portoit, & que la chancellerie allemande n’a jamais donné à aucun roi jusqu’à nos derniers tems. Dans le xij. siecle les rois de Hongrie & de Pologne étoient qualifiés d’excellence ; dans le xv. siecle, les rois d’Arragon, de Castille & de Portugal avoient encore les titres d’altesse. On disoit à celui d’Angleterre votre grace, on auroit pu dire à Louis XI. votre despotisme. Le titre même de majesté s’établit fort lentement ; il y a plusieurs lettres du sire de Bourdeille dans lesquelles on appelle Henri III. votre altesse ; & quand les états accorderent à Catherine de Médicis l’administration du royaume, ils ne l’honorerent point du titre de majesté.

Sous la république romaine le titre de majesté appartenoit à tout le corps du peuple & au sénat réuni : d’où vient que majestatem minuere, diminuer, blesser la majesté, c’étoit manquer de respect pour l’état. La puissance étant passée dans la main d’un seul, la flatterie transporta le titre de majesté à ce seul maître & à la famille impériale, majestas augusti, majestas divinæ domus.

Enfin le mot de majesté s’employa figurément dans la langue latine, pour peindre la grandeur des choses qui attirent de l’admiration, l’éclat que les grandes actions répandent sur le visage des héros, & qui inspirent du respect & de la crainte au plus hardi. Silius Italicus a employé ce mot merveilleusement en ce dernier sens, dans la description d’une conspiration formée par quelques jeunes gens de Capouë.

Il fait parler ainsi un des conjurés : « Tu te trompes si tu crois trouver Annibal désarmé à table : la majesté qu’il s’est acquise par tant de batailles, ne le quitte jamais ; & si tu l’approches, tu verras autour de lui les journées de Cannes, de Trébie & de Trasymène, avec l’ombre du grand Paulus ».

Fallit te mensas inter quod credis inermem,
Tot bellis quæsita viro, tot cædibus armat
Majestas æterna ducem : si admoveris ora,
Cannas & Trebiam ante oculos, Trasimenaque busta,
Et Pauli stare ingentem miraberis umbram.

(D. J.)

Majesté, (Jurispr.) crime de lese-majesté. Voyez l’article Lese-majesté.

MAJEUR, (Jurispr.) est celui qui a atteint l’âge de majorité, auquel la loi permet de faire certains actes.

Comme il y a plusieurs sortes de majorités, il y a aussi plusieurs sortes de majeurs, savoir ;

Majeur d’ans, c’est-à-dire celui qui a atteint le nombre d’années auquel la majorité est parfaite.

Majeur coutumier est celui qui a atteint la majorité coutumiere, ce qui n’empêche pas qu’il ne soit encore mineur de droit. Voyez l’article suivant & les notes sur Artois, p. 414.

Majeur de majorité coutumiere est celui qui a atteint l’âge auquel les coutumes permettent d’administrer ses biens. Cet âge est réglé différemment par les coutumes : dans quelques-unes c’est à 20 ans, dans d’autres à 18 ou à 15.

Majeur de majorité féodale est celui qui a atteint l’âge auquel les coutumes permettent de porter la foi pour les fiefs. Voyez ci-après Majorité féodale.

Majeur de majorité parfaite. Voyez ci-après Majorité parfaite.

Majeur de vingt-cinq ans est celui qui ayant atteint l’âge de 25 ans accomplis, a acquis par ce moyen la faculté de faire tous les actes dont les majeurs sont capables, comme de s’obliger, tester, ester en jugement, &c. Voyez Majorité, Mineur & Minorité. (A)

Majeur, (Comm.) dans le négoce des échelles du Levant, signifie un marchand qui fait le commerce pour lui-même, ce qui le distingue des commissionnaires, facteurs, coagis & courtiers. Ceux-ci appellent quelquefois leurs commettans leurs majeurs. Voyez Facteur, Coagi, &c. Dictionnaire de Commerce. (G)

Majeur, adj. (Musique.) est le nom qu’on donne en musique à certains intervalles, quand ils sont aussi grands qu’ils peuvent l’être sans devenir faux. Il faut expliquer cette idée.

Il y a des intervalles qui ne sont sujets à aucune variation, & qui à cause de cela s’appellent justes ou parfaits, voyez Intervalles. D’autres, sans changer de nom, sont susceptibles de quelque différence par laquelle ils deviennent majeurs ou mineurs, selon qu’on la pose ou qu’on la retranche. Ces intervalles variables sont au nombre de cinq ; savoir le semi-ton, le ton, la tierce, la sixte & la septieme. A l’égard du ton & du semi-ton, leur différence du majeur au mineur ne sauroit s’exprimer en notes, mais en nombre seulement ; le semi-ton mineur est l’intervalle d’une note à son dièse ou à son bémol, dont le rapport est de 24 à 25. Le semi-ton majeur est l’intervalle d’une seconde mineure, comme d’ut à si ou de mi à fa, & son rapport est de 15 à 16. La différence de ces deux semi-tons forme un intervalle que quelques-uns appellent dièse majeur, & qui s’exprime par les nombres 125. 128.

Le ton majeur est la différence de la quarte à la