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nos appartemens des ornemens d’un goût beaucoup meilleur. Ce regne est celui des magots.

MAGRA, la vallée de (Géogr.) en latin vallis Macræ ; vallée d’Italie dans la Toscane, d’environ onze lieues de long sur six de large. Elle appartient presque toute au grand-duc. Pontremoli en est la capitale.

Magra, la (Géogr.) en italien Macra, riviere d’Italie. Elle a sa source dans les montagnes de l’Apennin, coule dans la vallée de son nom, & va se perdre dans la mer, auprès du cap del Corvo.

MAGRAN, (Géograph.) montagne d’Afrique au royaume de Maroc, dans la province de Tedla. Ses habitans logent dans des hutes d’écorces d’arbres, & vivent de leurs bestiaux. Ils ont à redouter les lions dont cette montagne est pleine, & le froid qui est très-grand, sur-tout au sommet.

MAGUELONE, ou MAGALO, MAGALONA, MAGALONE, en latin civitas Magalonensis, ville ruinée dans le bas Languedoc. Elle étoit située au midi de Montpellier dans une île ou péninsule de l’étang de Maguelone, sur la côte méridionale de cet étang, qui est à l’orient de celui de Thau, insula Magalo. On a sans doute dit dans la suite Magalona, d’où l’on a fait le nom vulgaire Maguelone.

Il n’est point parlé de Maguelone dans les anciens géographes, ni dans aucun écrit antérieur à la domination des Wisigoths ; c’est pourquoi nous pouvons leur attribuer l’origine de cette ville & de son évêché.

Maguelone qui tomba sous le pouvoir des Sarrasins, après la ruine de la monarchie des Wisigoths, fut prise & détruite par Charles Martel, l’an 737 ; alors l’évêque, son clergé, & la plûpart des habitans, se retirerent en terre ferme, à une petite ville ou bourgade nommée Sustantion, qui est marquée dans la carte de Peutinger. Ce lieu appellé Sustantion, qui avoit ses comtes particuliers, a été entierement détruit.

Maguelone au contraire fut rebâtie vers l’an 1060, au lieu où elle avoit été précédemment dans l’île, & les évêques y eurent leur siége ainsi que leur cathédrale, jusqu’à l’an 1536, que le pape Paul III. transféra ce siége dans la ville de Montpellier ; la raison de cette translation est qu’on ne pouvoit plus être en sureté à Maguelone, à cause des incursions des pirates maures & sarrasins, qui y faisoient souvent des descentes. Si vous êtes curieux de plus grands détails, voyez Catel, mém. de Languedoc, & Longuerue, descript. de la France.

J’ajoute seulement que cette ville a été la patrie de Bernard de Tréviez, chanoine de son église cathédrale, & qui vivoit en 1178. Il est l’auteur du roman intitulé, histoire des deux vrais & parfaits amans, Pierre de Provence & la belle Maguelone, fille du roi de Naples. Ce roman fut imprimé pour la premiere fois à Avignon en 1524, in-8°.

MAGNEY, voyez l’article Karata.

MAGUIL, (Géogr.) petite ville d’Afrique en Barbarie, au royaume de Fez. Les Romains l’ont fondée. Elle est bâtie sur la pointe de la montagne de Zarbon, & jouit au bas d’une belle plaine qui rapporte beaucoup de blé, de chanvre, de carvi, de moutarde, &c. mais les murailles de la ville sont tombées en ruine.

MAGULABA, (Géogr. anc.) ville de l’Arabie heureuse selon Ptolomée, liv. VI. chap. vij. qui la place entre Jula & Sylecum.

MAGUSANUS, (Littérat.) épithete donnée à Hercule, & dont l’origine est inconnue ; mais on a trouvé au temple d’Hercule, à l’embouchure de l’Escaut, Magusæi Herculis fanum. Il en est fait mention dans une ancienne inscription qu’on découvrit en 1514 à Berteappel en Zélande. La voici, telle que la

rapporte Ortelius, qui déclare l’avoir bien examinée. Herculi Magutano. M. Primilius. Tertius. V. S. L. M. Le nom & la figure de cet Hercule, surnommée Magutanus, se trouve sur une médaille de posthume en bronze. Trébellius Pollion nous apprend que cet empereur commanda sur la frontiere du Rhin, & fut fait président de la Gaule, par l’empereur Vallérien.

MAGWIBA, ou RIO-NOVO, (Géogr.) grande riviere d’Afrique en Guinée, au royaume de Quoja. En été cette riviere est moins grosse qu’en hiver, & l’eau qui y remonte est salée jusqu’à deux lieues au-dessus de la côte.

MAHA, (Géogr.) peuple errant de l’Amérique septentrionale, dans la Louisiane, au nord du Missouri & des habitations les plus septentrionales des Padoucas, par les quarante-cinquieme de lat. septentrionale, & à deux cens lieues de l’embouchure du Missouri dans le Mississipi.

MAHAGEN, (Géogr.) ville de l’Arabie heureuse, où elle sépare les deux provinces nommées Jémamah & Temamah. Elle est située dans une plaine fertile, à deux journées de Zébid.

MAHAL, ou MAHL, (Histoire mod.) c’est ainsi qu’on nomme le palais du grand mogol, où ce prince a ses appartemens & ceux de ses femmes & concubines. L’entrée de ce lieu est interdite même aux ministres de l’empire. Le medecin Bernier y est entré plusieurs fois pour voir une sultane malade, mais il avoit la tête couverte d’un voile, & il étoit conduit par des eunuques. Le maal du grand mogol est la même chose que le serrail du grand seigneur & le haram des rois de Perse ; celui de Dehli passe pour être d’une très-grande magnificence. Il est rempli par les reines ou femmes du mogol, par les princesses du sang, par les beautés asiatiques destinées aux plaisirs du souverain, par les femmes qui veillent à leur conduite, par celles qui les servent, enfin par des eunuques. Les enfans mâles du mogol y restent aussi jusqu’à ce qu’ils soient mariés ; leur éducation est confiée à des eunuques, qui leur inspirent des sentimens très-opposés à ceux qui sont nécessaires pour gouverner un grand empire ; quand ces princes sont mariés, on leur donne un gouvernement ou une vice-royauté dans quelque province éloignée.

Les femmes chargées de veiller sur la conduite des princesses & sultanes, sont d’un âge mûr ; elles influent beaucoup sur le gouvernement de l’empire. Le souverain leur donne des offices ou dignités qui correspondent à ceux des grands officiers de l’état ; ces derniers sont sous les ordres de ces femmes, qui ayant l’oreille du monarque, disposent souverainement de leur sort. L’une d’elles fait les fonctions de premier ministre ; une autre celles de secrétaire d’état, &c. Les ministres du dehors reçoivent leurs ordres par lettres, & mettent leur unique étude à leur plaire ; d’où l’on peut juger de la rigueur des mesures & de la profondeur des vues de ce gouvernement ridicule.

Le grand mogol n’est servi que par des femmes, dans l’intérieur de son palais ; il est même gardé par une compagnie de cent femmes tartares, armées d’arcs, de poignards & de sabres. La femme qui les commande a le rang & les appointemens d’un omrah de guerre, ou général d’armée.

MAHALEB, (Botan.) le mahaleb, ou bois de Sainte-Lucie, se doit rapporter au genre de cerisiers. Il est nommé cerasus sylvestris amara, mahaleb putata, par Tourn. J. R. H. J. B. 1. 227. Ray, hist. 2. 1549. Ceraso affinis, C. B. P. 451.

Le mahaleb est une espece de cerisier sauvage, ou un petit arbre assez semblable au cerisier commun ; son bois est gris, rougeâtre, agréable à la vue, compact, assez pesant, odorant, couvert d’une écorce