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inférieur en deux levres, une externe & l’autre interne. La face antérieure externe est convexe, plus ou moins inégale vers sa partie moyenne, que l’on appelle le menton, aux parties latérales duquel sont placés les trous mentonniers antérieurs, ou les orifices antérieurs des conduits qui traversent depuis ce trou jusqu’à la face postérieure des branches.

La face postérieure est concave ; on y voit vers la partie moyenne & inférieure une aspérité plus ou moins sensible, deux petites bosses sur les parties latérales de cette aspérité.

Chaque branche a 1°. deux faces, une latérale externe, & une latérale interne, concave, à la partie moyenne de laquelle se voit le trou mentonnier postérieur, ou l’orifice postérieur du conduit mentonnier. 2°. Deux apophyses à la partie supérieure, une antérieure nommée coronoïde, à la partie antérieure de laquelle se trouve une petite cavité oblongue ; une postérieure appellée condiloïde, entre ces deux apophyses, une échancrure. 3°. A la partie inférieure, un angle.

La structure de la mâchoire de quelques animaux n’est pas indigne de la curiosité des Physiciens ; mais on y a rarement porté les yeux.

Il faut pourtant remarquer en général que les animaux qui vivent d’autres animaux, qu’ils prennent & qu’ils étranglent, ont une force considérable aux mâchoires, à cause de la grandeur des muscles destinés aux mouvemens de cette partie ; ensorte que pour loger ces grands muscles, leur crâne a une figure particuliere, par le moyen d’une crête qui s’éleve sur le sommet. Cette crête est très-remarquable dans les lions, les tigres, les ours, les loups, les chiens & les renards. La structure & l’usage de cette crête est pareille à ce qui se voit dans le bréchet des oiseaux.

Comme le crocodile ouvre la gueule & ses mâchoires plus grandes qu’aucun animal, c’est peut être ce qui a fait croire qu’il a la mâchoire supérieure mobile, quoiqu’en réalité il n’y ait rien de si immobile que cette mâchoire, dont les os sont joints avec les autres os du crâne aussi exactement qu’il est possible ; ainsi que M. Perrault l’a remarqué le premier contre l’opinion des anciens naturalistes. Mais la structure de la mâchoire inférieure du crocodile a quelque chose de fort particulier dans ce qui regarde la méchanique que la nature y a employée pour la faire ouvrir plus facilement ; ce méchanisme consiste en ce que cette mâchoire a comme une queue au-delà de l’endroit où elle est articulée ; car étant appuyée dans cet endroit contre l’os des tempes, lorsque la queue vient à être tirée en haut, par un muscle attaché à cette queue, l’extrémité opposée de la mâchoire qui compose le menton, descend en bas, & fait ouvrir la gueule.

La mâchoire des poissons ne seroit pas moins digne d’examen. Il y a par exemple, un poisson qui se pêche en Canada, dont les deux mâchoires, la supérieure & l’inférieure, sont également applaties, & font l’office de meule de moulin ; elles sont comme pavées de dents plates, serrées les unes contre les autres, & aussi dures que les cailloux : ce poisson s’en sert pour briser les coquilles des moules dont il vit.

A l’égard des hommes, il arrive quelquefois que la mâchoire inférieure s’ossifie tellement d’un côté, qu’elle ne peut avoir aucun mouvement. Eustachi, Columbus, Volcher, Palfin, & autres anatomistes, ont vû des crânes dans lesquels se rencontroit cette ossification.

Il me semble qu’on n’a pas eu raison de nommer la grande cavité de la mâchoire supérieure, l’antre d’Highmor, antrum Highmorianum, puisque cet anatomiste n’est pas le premier qui en ait fait la descrip-

tion, & que Cassérius en avoit parlé long-tems

avant lui sous le nom d’antrum genæ. (D. J.)

Machoire de Brochet, (Mat. med.) quoique les Pharmacologistes aient accordé plusieurs vertus particulieres à la mâchoire de brochet, on peut assurer cependant qu’elle ne possede en effet que la qualité absorbante, & qu’elle doit être rangée avec les écailles d’huitres, les perles, les coquilles d’œufs, les yeux d’écrevisses, &c. du-moins dans l’usage & la préparation ordinaire, car il est vraissemblable que si on rapoit cette substance osseuse, qu’on en prît une quantité considérable, & qu’on la traitât par un décoction convenable, on pourroit en tirer une matiere gélatineuse ; mais encore un coup, on ne s’en sert point à ce titre, & l’on fait bien, puisqu’on a mieux dans la corne de cerf. On ne l’emploie qu’en petite quantité, & réduite en poudre subtile, & encore rarement, parce qu’on a commodément & abondamment les yeux d’écrevisses, l’écaille d’huitres, &c. qui valent davantage. (b)

Machoire, (Art. méchan.) c’est, dans presque toutes les machines destinées à serrer quelque chose, comme l’étau, les pinces, les mordaches, &c. les extrémités qui embrassent la chose & qui la tiennent ferme.

MACHRONTICHOS, (Géogr. anc.) c’est-à-dire longue muraille ; aussi ce mot désigne les grandes murailles qui joignoient la ville d’Athènes au Pirée ; ce fut par la même raison, qu’on nomma du nom de machrontichos, la grande muraille de la Thrace, bâtie par Justinien, avec des moles aux deux bouts, une galerie voûtée, & une garnison pour garantir l’isthme des incursions des ennemis.

MACHROPOGONES, (Géogr. anc.) peuples de la Sarmatie asiatique, aux environs du Pont-Euxin, ainsi nommés parce qu’ils laissoient croître leur barbe. (D. J.)

MACIGNO, (Hist. nat.) nom donné par Ferrante Imperaro, à une espece de grais d’une couleur grise, verdâtre, d’un grain fort égal, & qui a de la ressemblance avec l’émeril, & est mélangé de particules de mica. On dit qu’elle est propre à être sculptée. On s’en sert pour polir le marbre, & pour faire des meules à repasser les couteaux.

MACIS, s. m. (Bot. exot.) improprement dit fleur de muscade, car c’en est l’enveloppe réticulaire. On lui conserve en latin le même nom indien de macis. Sérapion l’appelle bisbese ; Avicenne besbahe, & Pison bongopala moluccensibus.

C’est une feuille, une enveloppe, qui couvre en maniere de réseau ou de laniere, la noix muscade, & qui est placée sous la premiere écorce. Elle est épaisse, huileuse, membraneuse, & comme cartilagineuse, d’une couleur rougeâtre d’abord, & fort belle ; mais qui dans l’exposition à l’air, devient jaunâtre, d’une odeur aromatique, suave, d’un goût gratieux, aromatique, âcre, & un peu amer.

La compagnie hollandoise fait transporter en Europe, des Indes orientales, le macis séparé des noix muscades, & lorsqu’il est séché. On estime celui qui est récent, fléxible, odorant, huileux, & d’une couleur saffranée. Il a les mêmes vertus que la muscade, excepté qu’il est moins astringent ; mais si l’on en abuse, il dispose les membranes de l’estomac à l’inflammation, par ses parties actives, volatiles & huileuses.

En effet le macis donne encore plus d’huile essentielle & subtile par la distillation, que la muscade.

Celle qui paroît d’abord, est transparente & coulante comme l’eau, d’un goût & d’une odeur admirable ; celle qui vient ensuite est jaunâtre, & la troisieme est roussâtre lorsqu’on presse fortement le feu. Toutes ces huiles sont en même tems si volatiles,