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qui dit expressément que Néron fit la dédicace d’un marché destiné à vendre toutes les choses nécessaires à la vie, obsoniorum mercatum macellum nuncupatum dedicavit.

L’explication d’Erizzo a été suivie par tous les antiquaires, jusqu’au P. Hardouin qui entreprit de la combattre, & qui a expliqué cette médaille, mausoleum Cæsaris Augusti ; mais outre que les argumens du P. Hardouin contre l’explication commune, ne sont rien moins que convainquans, celle qu’il a donnée n’est pas heureuse. 1°. On ne voit pas pourquoi mausoleum seroit désigné par deux lettres, tandis que Cæsaris est exprimé par une lettre seule. 2°. Les trois premieres lettres Mac. sont jointes ensemble, tout comme les trois dernieres Aug. le point est entre deux ; pourquoi donc les trois premieres formeront-elles deux mots, & les dernieres un seul ? 3°. L’édifice que nous voyons sur la médaille de Néron, ne ressemble point au mausolée d’Auguste. Voyez Mausolée. (D. J.)

MACE-MUTINE, s. f. (Hist. mod.) monnoie d’or. Pierre II. roi d’Arragon, étant venu en personne à Rome, en 1204, se faire couronner par le pape Innocent III. mit sur l’autel une lettre-patente, par laquelle il offroit son royaume au saint-siége, & le lui rendoit tributaire, s’obligeant stupidement à payer tous les ans deux cent cinquante mace-mutines. La mace mutine étoit une monnoie d’or venue des Arabes ; on l’appelloit autrement mahoze-mutine. Fleuri, Hist. ecclés.

MACÉNITES, Macænitæ, (Géog. anc.) Μακανῖται dans Ptolomée, peuples de la Mauritanie Tingitane, sur le bord de la mer. Le mont Atlas étoit dans le Macénitide. (D. J.)

MACER, s. m. (Hist. nat. des drog.) écorce médicinale d’un arbre des Indes orientales, dont il est fait mention dans les écrits de Dioscoride, de Pline, de Galien, & des Arabes ; mais ils ne s’accordent ni les uns ni les autres sur l’arbre qui produit cette écorce, sur la partie de l’arbre d’où elle se tire, sur la qualité de son odeur & de sa saveur ; c’est à la variété de leurs relations sur ce point, & à l’ignorance des commentateurs qui confondoient le macer avec le macis, qu’il paroît qu’on peut sur-tout attribuer la cause de l’oubli dans lequel a été chez nous cette drogue depuis Galien ; car pour ce qui est des Indes orientales d’où Pline, Sérapion, & Averroès conviennent qu’on la faisoit venir ; Garcias-ab-Horto, Acosta, & Jean Mocquet qui dans le pénultieme siecle y avoient voyagé, assurent qu’alors ce remede y étoit usité dans les hôpitaux, & qu’à Bengale il s’en faisoit un commerce assez considérable.

Dioscoride donne à cette écorce le nom μάκερ & μάκειρ. Il dit qu’elle est de couleur jaunâtre, assez épaisse, fort astringente, & qu’on l’apportoit de Barbarie. C’est ainsi qu’on appelloit alors les pays orientaux les plus reculés. On faisoit de cette écorce une boisson pour remédier aux hémorragies, aux dissenteries, & aux dévoiemens. Pline appelle des mêmes noms dont s’est servi Dioscoride, l’écorce d’un arbre qui étoit apporté des Indes à Rome, & qu’il dit être rougeâtre. Galien qui dans les descriptions qu’il en fait, & sur les vertus qu’il lui attribue, s’accorde avec ces deux auteurs, ajoute seulement qu’elle est aromatique ; il n’est pas étonnant qu’Averroès & d’autres médecins arabes connussent le macer, puisque l’arbre dont il est l’écorce, croissoit dans les pays orientaux.

Les relations de quelques-uns de nos voyageurs aux Indes orientales, c’est-à-dire à la côte de Malabar & à l’île sainte-Croix, parlent d’une écorce grisâtre qui étant desséchée, devient à ce qu’ils assurent, jaunâtre, fort astringente, & douée des mêmes vertus que le macer des anciens.

Christophe Acosta, l’un des premiers historiens des drogues simples qu’on apporte des Indes, & qui y étoit médecin du viceroi, dit que l’arbre qui porte cette écorce, étoit appellé arbore de las camaras, arbore sancto par les Portugais, c’est à-dire, arbre pour les dissenteries, & par excellence, arbre saint ; arbore de sancto Thome, arbre de saint Thomas par les chrétiens ; macruyre par les gens du pays, & macre par les médecins brachmans, ce qui est conforme avec l’ancien mot macer. Ce même historien qui est le seul qui nous ait donné la figure de cet arbre, le compare à un de nos ormes, & attribue des vertus admirables à l’usage de son écorce.

Enfin M. de Jussieu croit avoir retrouvé le macer des Indes orientales, dans le Simarouba d’Amérique ; mais il ne faut donner cette opinion que comme une légere conjecture ; car malgré la conformité qui se trouve dans les vertus entre le macer des anciens, le macre des Indiens orientaux, & le simarouba des occidentaux, il seroit bien étonnant que ce fût la même plante. Il est vrai pour-tant que l’Asie & l’Amérique ont d’autres plantes qui leur sont communes, à l’exclusion de l’Europe. Le ginzing en est un bel exemple. Voyez Ginzing. (D. J.)

MACERATA, (Géog.) ville d’Italie dans l’état de l’Eglise, dans la marche d’Ancone, avec un évêché suffragant de Fermo, & une petite université. Elle est sur une montagne, proche de Chiento, à 5 lieues S. O. de Lorette, 8 S. O. d’Ancone. Long. 31. 12. lat. 43. 5.

Macerata est la patrie de Lorenzo Abstemius, & d’Angelo Galucci, jésuites. Le premier se fit connoître en répandant dans ses fables des traits satyriques contre le clergé. Le second est auteur d’une histoire latine de la guerre des Pays-bas, depuis 1593 jusqu’à 1609. Cet ouvrage parut à Rome en 1671, in-folio, & en Allemagne en 1677, in-4°. (D. J.)

MACÉRATION, (Morale. Gramm.) C’est une douleur corporelle qu’on se procure dans l’intention de plaire à la divinité. Les hommes ont par-tout des peines, & ils ont très-naturellement conclu que les douleurs des êtres sensibles donnoient un spectacle agréable à Dieu. Cette triste superstition a été répandue & l’est encore dans beaucoup de pays du monde.

Si l’esprit de macération est presque toûjours un effet de la crainte & de l’ignorance des vrais attributs de la divinité, il a d’autres causes, sur-tout dans ceux qui cherchent à le répandre. La plûpart sont des charlatans qui veulent en imposer au peuple par de l’extraordinaire.

Le bonze, le talopin, le marabou, le derviche, le faquir, pour la plûpart se livrent à différentes sortes de supplices par vanité & par ambition. Ils ont encore d’autres motifs. Le jeune faquir se tient de-bout, les bras en croix, se poudre de fiente de vache, & va tout nud ; mais les femmes vont lui faire dévotement des caresses indécentes. Plus d’une femme à Rome, en voyant la procession du jubilé monter à genoux la scala santa, a remarqué que certain flagellant étoit bien fait, & avoit la peau belle.

Les moyens de se macérer les plus ordinaires dans quelques religions, sont le jeûne, les étrivieres, & la mal propreté.

Le caractere de la macération est par-tout cruel, petit, pusillanime.

La mortification consiste plus dans la privation des plaisirs ; la macération s’impose des peines. On mortifie ses sens, parce qu’on leur refuse ; on macere son corps, parce qu’on le déchire ; on mortifie son esprit, on macere son corps ; il y a cependant la ma-