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glande ; d’autres fois il y envoie seulement deux ou trois branches, tandis que le tronc principal passe outre, & va joindre les vaisseaux lymphatiques qui viennent des côtés opposés de la glande, & vont se décharger dans le reservoir commun.

Les glandes de l’abdomen qui reçoivent les vaisseaux lymphatiques de toutes les parties de cette cavité, comme aussi des extrémités inférieures, sont les glandes inguinales, les sacrées, les iliaques, les lombaires, les mesentériques & les hépatiques, &c. qui toutes envoient de nouveaux vaisseaux lymphatiques, lesquels se déchargent dans le reservoir du chyle, comme ceux du thorax, de la tête & des bras, se déchargent dans le canal thorachique, dans les veines jugulaires & dans les souclavieres. Voyez Glande & Conglobée.

Il est un autre genre de vaisseaux, auxquels on a donné le nom de lymphatiques : car comme il y a dans les corps animés des particules blanches, le sang, a-t-on dit, n’y pénetre donc pas ; il faut donc qu’il y ait des arteres qui ne se chargent que de la lymphe, c’est à-dire des sucs blancs ou aqueux. M. Ruisch a sur-tout observé ces arteres lymphatiques dans les membranes de l’œil, & il n’est pas le seul ; Hovius a vu les mêmes vaisseaux : ce sont, selon lui, des arteres lymphatiques. Nuck les a décrites avant cet écrivain qui a été son copiste, ou qui a copié la nature après lui. Voyez les lettres sur le nouveau système de la voix, & sur les arteres lymphatiques.

LYMPHE, (Chimie.) ou nature de la lymphe. Voyez Sang, (Chimie), & Substances animales, (Chimie).

LYMPHÆA, s. m. pl. (Littérat.) espece de grottes artificielles, ainsi nommées du mot lympha, eau, parce qu’elles étoient formées d’un grand nombre de canaux & de petits tuyaux cachés, par lesquels on faisoit jaillir l’eau sur les spectateurs, pendant qu’ils s’occupoient à admirer la variété & l’arrangement des coquilles de ces grottes. Les jardins de Versailles abondent en ces sortes de jeux hydrauliques.

LYN, (Géogr.) ville à marché & fortifiée d’Angleterre, dans le comté de Norfolck ; elle envoie deux députés au parlement, & est située à l’embouchure de l’Ouse, où elle jouit d’un grand port de mer, à 75 milles N. E. de Londres. Long. 17. 50. lat. 52. 43. (D. J.)

LYNCE, (Hist. nat.) pierre fabuleuse formée, disoit-on, par l’urine du lynx ; on prétendoit qu’elle devenoit molle lorsqu’on l’enfouissoit en terre, & qu’elle se durcissoit dans les lieux secs. Sa couleur étoit mélée de blanc & de noir. On dit qu’en la mettant en terre elle produisoit des champignons. Boece de Boot croit que c’est le lapis fungifer, ou la pierre à champignons.

LYNCESTES, (Géogr. anc.) Lyncestæ, Strabon dit Lyncistæ ; peuple de la Macédoine ; leur province nommée Lyncestides, étoit au couchant de l’Ematie, ou Macédoine propre. La capitale s’appelloit Lyncus. Tite-Live en parle liv. XXVI. chap. xxv. (D. J.)

LYNCURIUS LAPIS, (Hist. nat.) les naturalistes modernes sont partagés sur la pierre que les anciens désignoient sous ce nom. Theophraste dit qu’elle étoit dure, d’un tissu solide comme les pierres prétieuses, qu’elle avoit le pouvoir d’attirer comme l’ambre, qu’elle étoit transparente & d’une couleur de flamme, & qu’on s’en servoit pour graver des cachets.

Malgré cette description, Woodward & plusieurs autres naturalistes ont cru que le lapis lyncurius des anciens étoit la belemnite, quoiqu’elle ne possede aucune des qualités que Theophraste lui attribue. Gesner & M. Geoffroy se sont imaginés que les anciens vouloient par-là désigner l’ambre ; mais la définition de Theophraste, qui dit que le lapis lyncurius

attiroit de même que l’ambre, & qui compare ces deux substances, détruit cette opinion.

M. Hill conjecture avec beaucoup de raison, d’après la description de Theophraste, que cette pierre étoit une vraie hyacinthe, sur laquelle on voit que les anciens gravoient assez volontiers. Les anciens ont distingué plusieurs especes de lapis lyncurius, telles que le lyncurius mâle & le lyncurius femelle, le lyncurius fin. M. Hill pense que c’étoit des hyacinthes qui ne différoient entr’elles que par le plus ou moins de vivacité de leur couleur. Voyez Theophraste, traité des pierres, avec les notes de Hill ; & voyez Hyacinthe. (—)

LYNX, s. m. (Hist. nat.) lynx ou loup-cervier, animal quadrupede ; il a environ deux piés & demi de longueur depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, qui n’est longue que d’un demi-pié. Cet animal a beaucoup de rapport au chat, tant pour la figure que pour la conformation. Il y a sur la pointe des oreilles un bouquet de poils noirs en forme de pinceau long d’un pouce & demi. Toutes les parties supérieures de l’animal, & la face externe des jambes ont une couleur fauve, roussâtre très foible, mélée de blanc, de gris, de brun & de noir ; les parties inférieures & la face interne des jambes sont blanches avec des teintes de sauve & quelques taches noires ; le bout de la queue est noir, & le reste a les mêmes couleurs que les parties inférieures du corps ; les doigts sont au nombre de cinq dans les piés de devant, & de quatre dans ceux de derriere. Il y a des lynx en Italie & en Allemagne ; ceux qui sont en Asie ont de plus belles couleurs ; il y a aussi de la variété dans celles des lynx d’Europe. On a donné à ces animaux le nom de loup-cervier, parce qu’ils sont très-carnassiers & qu’ils attaquent les cerfs. Voyez Quadrupede.

Linx, pierre de (Mat. med.) Voyez Belemnite.

Lynx, (Mythol.) animal fabuleux consacré à Bacchus. Tout ce que les anciens nous ont dit de la subtilité de la vue de ce quadrupede, en supposant même qu’ils eussent dit vrai, ne vaut pas cette seule réflexion de la Fontaine, fable VII. liv. I.

Voilà ce que nous sommes,
Lynx envers nos pareils, & taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, & rien aux autres hommes.

LYON, (Géogr.) grande, riche, belle, ancienne & celebre ville de France, la plus considérable du royaume après Paris, & la capitale du Lyonnois. Elle se nomme en latin Lugdunum, Lugudunum, Lugdumum Segusianorum, Lugdumum Celtarum, &c. Voyez Lugdunum.

Lyon fut fondée l’an de Rome 712, quarante-un ans avant l’ere chrétienne, par Lucius Munatius Plancus, qui étoit consul avec Æmilius Lepidus. Il la bâtit sur la Sône, au lieu où cette riviere se jette dans le Rhône, & il la peupla des citoyens romains qui avoient été chassés de Vienne par les Allobroges.

On lit dans Gruter une inscription où il est parlé de l’établissement de cette colonie ; cependant on n’honora pas Lyon d’un nom romain ; elle eut le nom gaulois Lugdun, qu’avoit la montagne aujourd’hui Forvieres, sur laquelle cette ville fut fondée. Vibius Sequester prétend que ce mot Lugdun signifioit en langue gauloise, montagne du corbeau. Quoi qu’il en soit, la ville de Lyon est presque aussi souvent nommée Lugudunum dans les inscriptions antiques des deux premiers siecles de notre ere. M. de Boze avoit une médaille de Marc-Antoine, au revers de laquelle se voyoit un lion, avec ce mot partagé en deux, Lugu-duni.

Lyon fondée, comme nous l’avons dit, sur la mon-