Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/775

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LYDIUS LAPIS, (Hist. nat. Minér.) nom donné par les anciens à une pierre noire, fort dure, dont ils se servoient pour s’assurer de la pureté de l’or ; son nom lui avoit été donné parce que cette pierre se trouvoit dans la riviere de Tmolus en Lydie. On nommoit aussi cette pierre lapis heraclius, & souvent les auteurs se sont servis de ces deux dénominations pour désigner l’aimant, aussi-bien que la pierre de touche ; ce qui a produit beaucoup d’obscurité & de confusion dans quelques passages des anciens. Au reste il pourroit se faire que les anciens eussent fait usage de l’aimant pour essayer l’or, du moins est-il constant que toutes les pierres noires, pourvû qu’elles aient assez de consistence & de dureté, peuvent servir de pierre de touche. Voyez Touche, pierre de. (—)

LYGDINUM MARMOR, ou LYGDUS LAPIS, (Hist. nat.) Les anciens nommoient ainsi une espece de marbre ou d’albâtre, d’une blancheur admirable, & qui surpassoit en beauté le marbre même de Paros, & tous les autres marbres les plus estimés. Il est composé de particules spathiques, ou de feuillets luisans, que l’on apperçoit sur-tout lorsqu’on vient à le casser, dans l’endroit de la fracture ; ce qui fait que le tissu de cette pierre ne paroît point compacte comme celui des marbres ordinaires ; & même il n’a point leur solidité, il s’égraine facilement, & se divise en petites masses. On en trouvoit des couches immenses en Egypte & en Arabie ; il y en a aussi en Italie. Les blocs que l’on tire de cette pierre ne sont point considérables, parce que son tissu fait qu’elle se fend & se gerse facilement : les anciens en faisoient des vases & des ornemens.

Il y a lieu de croire que cette pierre étoit formée de la même maniere que les stalactiques, & qu’elle ne doit pas être regardée comme un vrai marbre, mais plutôt comme un vrai spathe. Pline dit qu’on le tiroit du mont Taurus en Asie ; & Chardin dans son voyage de Perse, dit qu’on trouvoit encore une espece de marbre blanc & transparent dans une chaîne de montagnes. Voyez Hill & Eman. Mendez d’Acosta, Hist. nat. des fossiles. (—)

LYGIENS, (Géog. anc.) Lygii, Ligii, Ligii, Logiones, ancien peuple de la grande Germanie. Tacite, de morio. German. dit, qu’au-de-là d’une chaine de montagnes qui coupe le pays des Sueves, il y a plusieurs nations, entre lesquelles les Lygiens composent un peuple fort étendu, partagé en plusieurs cantons. Leur pays fait présentement partie de la Pologne, en deçà de la Vistule, partie de la Silésie, & partie de la Bohème. (D. J.)

LYGODESMIENNE, adj. (Litter.) surnom donné à Diane Orthienne, parce que sa statue étoit venue de la Tauride à Sparte, empaquetée dans des liens d’osier : c’est ce que désigne ce nom, composé de λύγος, osier, & δεσμός, lien. (D. J.)

LYMAX, (Géog. anc.) riviere du Péloponnèse, dans l’Arcadie ; elle baignoit la ville de Phigalé, & se dégorgeoit dans le Néda. Les Poëtes ont feint que les Nymphes qui assisterent aux couches de Rhée, lorsqu’elle eut mis au monde Jupiter, laverent la déesse dans cette riviere pour la purifier. Le mot grec λῦμα signifie purification. (D. J.)

LYMBES, s. m. (Théolog.) terme consacré aujourd’hui dans le langage des Théologiens, pour signifier le lieu où les ames des SS. patriarches étoient détenues, avant que J. C. y fût descendu après sa mort, & avant sa résurrection, pour les délivrer & pour les faire jouir de la beatitude. Le nom de lymbes ne se lit, ni dans l’Ecriture, ni dans les anciens peres, mais seulement celui d’enfers, inferi, ainsi qu’on le voit dans le symbole, descendit ad inferos. Les bons & les méchans vont dans l’enfer, pris en ce sens ; mais toutefois il y a un grand cahos, un grand

abîme entre les uns & les autres. J. C. descendant aux enfers ou aux lymbes, n’en a délivré que les saints & les patriarches. Voyez ci-devant Enfer, & Suicer dans son dictionnaire des PP. grecs, sous le nom ΑΔΗΣ, tom. I. pag. 92. 93. 94. & Martinius dans son lexicon philologicum, sous le nom Lymbus ; & M. Ducange, dans son dictionnaire de la moyenne & basse latinité, sous le même mot Lymbus ; & enfin les Scholastiques sur le quatrieme livre du maître des sentences, distinct. 4 & 25. On ne connoît pas qui est le premier qui a employé le mot lymbus, pour désigner le lieu où les ames des saints patriarches, & selon quelques-uns, celles des enfans morts sans baptême sont détenues : on ne le trouve pas en ce sens dans le maître des sentences ; mais ses commentateurs s’en sont servis. Voyez Durand, in 3. sent. dist. 22. qu. 4. art. 1. & in. 4. dist. 21. qu. 1. art. 1. & alibi sæpiùs. D. Bonavent. in. 4. dist. 45. art. 1. qu. 1. respons. ad argument. limbus. Car c’est ainsi qu’il est écrit, & non pas lymbus ; c’est comme le bord & l’appendice de l’enfer. Calmet, diction. de la Bibl. tom. II. pag. 574.

LYME, (Géog.) petite ville à marché en Angleterre, en Dorsetshire, sur une petite riviere de même nom, avec un havre peu fréquenté, & qui n’est connu dans l’histoire que parce que le duc de Montmouth y prit terre, lorsqu’il arriva de Hollande, pour se mettre à la tête du parti, qui vouloit lui donner la couronne de Jacques II. Lyme envoie deux députés au Parlement, & est à 120 milles S. O. de Londres. Long. 14. 48. lat. 50. 46. (D. J.)

LYMPHATIQUES, (Anatom.) vaisseaux lymphatiques, sont des petits vaisseaux transparens qui viennent ordinairement des glandes, & reportent dans le sang une liqueur claire & limpide appellée lymphe. Voyez Lymphe.

Quoique ces vaisseaux ne soient pas aussi visibles que les autres, à cause de leur petitesse & de leur transparence, ils ne laissent pas d’exister dans toutes les parties du corps ; mais la difficulté de les reconnoître a empêché de les décrire dans plusieurs parties.

Les vaisseaux lymphatiques ont à des distances inégales, mais peu considérables, deux valvules semi-lunaires, l’une vis-à-vis de l’autre, qui permettent à la lymphe de couler vers le cœur, mais l’empêchent de rétrograder.

Ils se trouvent dans toutes les parties du corps, & leur origine ne peut guere être un sujet de dispute ; car il est certain que toutes les liqueurs du corps, à l’exception du chyle, se séparent du sang dans les vaisseaux capillaires, par un conduit qui est différent du conduit commun où coule le reste du sang. Mais soit que ces conduits soient longs ou courts, visibles ou invisibles, ils donnent néanmoins passage à une certaine partie du sang, tandis qu’ils la refusent aux autres. Voyez Sang.

Or, les glandes par lesquelles la lymphe passe, doivent être de la plus petite espece, puisqu’elles sont invisibles, même avec les meilleurs microscopes. Mais les vaisseaux lymphatiques, à la sortie de ces glandes, s’unissent les uns aux autres, & deviennent plus gros à mesure qu’ils approchent du cœur. Cependant ils ne se déchargent pas dans un canal commun, comme font les veines ; car on trouve quelquefois deux ou trois vaisseaux lymphatiques, & même davantage, qui sont placés l’un à côté de l’autre, qui ne communiquent entre eux que par de petits vaisseaux intermédiaires & très-courts, qui se réunissent, & aussi-tôt après se séparent de nouveau. Dans leur chemin, ils touchent toujours une ou deux glandes conglobées, dans lesquelles ils se déchargent de leur lymphe. Quelquefois un vaisseau lymphatique se décharge tout entier dans une