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Armure d’une lustrine rebordée ou lisérée & brochée.

On donne le nom de liserée à une étoffe dont une navette fait une figure dans le fond, avec la soie arrêtée par le liage, & lorsque cette figure est grande, & forme un ornement ou feuillage ; mais lorsque la figure ne compose qu’une espace de trait qui environne des figures plus grandes, ou une tige dont les feuilles sont différentes, alors on dit qu’elle est rebordée.

De la lustrine à poil. On en fabrique peu aujourd’hui ; c’est cependant la plus belle & la plus délicate de toutes les étoffes riches. Elle est ordinairement composée de quatre-vingt-dix portées de chaîne, & de quinze de poil, de la couleur de la dorure. Les poils dont on parlera dans les étoffes riches, ne servent qu’à lier la dorure & l’accompagnage. On donne le nom d’acompagnage à trois ou quatre brins de la plus belle trame, qui sont passés sous les mêmes lacs de la dorure qui domine dans l’étoffe. Cet accompagnage est arrêté par deux lisses de poil qui doivent baisser quand les lacs de dorure sont tirés. Des deux lisses qui baissent pour l’accompagnage, on doit avoir soin de choisir celle qui doit lier la dorure quand le coup est passé, & celle qui doit la lier le coup suivant : les lisses qui contiennent le poil dans les étoffes riches, doivent être toutes à grand colisse, c’est-à dire à mailles doubles, une pour faire lever le fil, & l’autre pour le faire baisser. Le colisse aura deux pouces & demi de longueur & plus, afin que le fil ne soit point arrêté par la tire. Enfin les lisses doivent être attachées de maniere à faire successivement l’opération des lisses de fond & des lisses de rabat. Voyez l’Armure.

La chaîne de cette étoffe est distribuée comme celle de la lustrine sans poil, sur huit lisses de satin, & quatre de rabat, & le poil sur quatre lisses à grand colisse qui servent de liage à la dorure & à la soie. C’est pourquoi il doit être de la couleur de la dorure.

L’armure de la lustrine pour la chaîne, est semblable à celle de la lustrine sans poil, pour les huit lisses de satin ; à l’égard du rabat, il ne baisse que sur le premier coup de lustrine ; le second coup de navette est la rebordure, & le troisieme coup qui est celui d’accompagnage, leve une lisse de satin, qui est la deuxieme pour le premier coup. Pour le poil, la premiere marche leve les trois lisses, & laisse celle qui doit lier la dorure ; la seconde pour la rebordure, ne leve que deux lisses de poil, & baisse celle qui doit lier la soie & la dorure, afin que ce coup soit lié. Elle laisse celle qui doit baisser le coup suivant, à l’accompagnage, pour ne la pas contrarier, & ainsi des autres.

Avant que de donner l’armure, il faut se souvenir que l’on n’a marqué que les lisses de poil, pour lever & pour baisser, leur fonction étant pour l’un & l’autre ; que quoique les lisses de rabat soient marquées O, cependant c’est pour baisser, leur fonction ne s’étendant pas à un autre jeu ; il en est de celles du fond pour lever, comme de celles de rabat pour baisser, que ceci doit s’entendre des lisses de fond & de rabat, en quelqu’endroit qu’il en soit parlé ; & que toutes les autres lisses marquées O doivent lever, & les autres marquées * doivent baisser, & que les blanches ne levent ni ne baissent dans le poil.


Armure d’une lustrine à poil.

On voit par cette démonstration, que la premiere