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de façon que lorsque l’on réforma le calendrier, les lunaisons arrivoient dans le ciel quatre à cinq jours plutôt que le nombre d’or ne le marquoit. Pour remédier à cela, nous faisons maintenant usage du cycle perpétuel des épactes.

Nous prenons 19 épactes pour répondre à un cycle de 29 ans ; & quand au bout de 300 ans la lune a avancé d’un jour, nous prenons dix-neuf autres épactes : ce qui se fait aussi lorsque l’on est obligé de rajuster, pour ainsi dire, le calendrier au soleil par l’omission d’un jour intercalaire, comme il arrive trois fois dans 400 ans.

Il faut avoir soin que l’index des épactes ne soit jamais changé, si ce n’est au bout du siecle, lorsqu’il doit l’être en effet par rapport à la métemptose ou proemptose. Voyez Métemptose & Proemptose.

Lunaire, (Comm.) On appelle dans le Levant intérêts lunaires, les intérêts usuraires que les nations chrétiennes payent aux Juifs chaque lune ; les Turcs comptent par lunes & non par mois pour l’argent qu’ils empruntent d’eux. Voyez Intérêt. Dictionn. de comm.

LUNATIQUE, (Marechall.) On appelle ainsi un cheval qui est atteint ou frappé de la lune, c’est-à-dire, qui a une débilité de vûe plus ou moins grande, selon le cours de la lune ; qui a les yeux troublés & chargés sur le déclin de la lune, & qui s’éclaircissent peu-à-peu, mais toujours en danger de perdre entierement la vûe.

LUNDE, s. f. (Hist. natur.) c’est un oiseau que Clusius appelle anas arctica, & Linnæus alca rostri sulcis quatuor, oculorum regione temporibusque albis. Cet oiseau, qui est un peu plus gros qu’un pigeon, a un bec fort & crochu ; il est toujours en guerre avec le corbeau qui en veut à ses petits. Dès que le corbeau s’approche, la lunde s’élance sur lui, le saisit à la gorge avec son bec, & lui serre la poitrine avec ses ongles, & pour ainsi dire, se cramponne à lui ; quand le corbeau s’envole, la lunde se tient toujours attachée à lui, jusqu’à ce qu’il soit arrivé au-dessus de la mer, alors elle l’entraîne dans l’eau où elle l’étrangle. La lunde fait son nid dans des antres pierreux ; quand son petit est éclos & en état de prendre l’essor, elle nettoie son nid, ôte toutes les branches qu’elle y avoit apportées, & y remet du gason frais. On prend les petits de ces oiseaux dans leurs nids en faisant entrer des chiens dans les creux où il y en a. Il s’en trouve beaucoup dans les îles de Feroé. Voyez Acta hafniensia, ann. 1671.

LUNDEN, (Géog.) Lundinum Scanorum, ville de Suede capitale de la province de Schone avec un évêque de la confession d’Augsbourg, & une université fondée en 1668 par Charles XI. Cette ville avoit été érigée en archevêché en 1103, & en primatie de Suede & de Norvège en 1151. Les Danois furent obligés de la céder à la Suéde en 1658. Ce fut près de cette ville que Charles XI. défit Christian V. roi de Danemarck en 1676. Elle est à 7 lieues E. de Copenhague, 90 S. O. de Stokolm. Long. selon Picard & les Acta litterar. suec. 30. 53. 45. lat. selon les mêmes 55. 42. 10.

Lunden est encore une petite ville ou plutôt un bourg au cercle de basse Saxe dans le Ditzmarsz, vers les confins de Sleswig, proche l’Eyder ; ce bourg appartient au duc de Holstein. (D. J.)

LUNDI, s. m. (Chronolog.) est le second jour de la semaine : on l’appelle ainsi, parce que chez les payens il étoit consacré à la lune. Ce jour est appellé dans l’office de l’église feria secunda, seconde férie, le dimanche étant regardé comme la premiere férie.

LUNE, s. f. (Astr.) est l’un des corps celestes que l’on met ordinairement au nombre des planetes, mais qu’on doit regarder plûtôt comme un satellite, ou comme une planete secondaire. Voyez Planete & Satellite.

La lune est un satellite de notre terre, vers laquelle elle se dirige toûjours dans son mouvement comme vers un centre, & dans le voisinage de laquelle elle se trouve constamment, de façon que si on la voyoit du soleil, elle ne paroîtroit jamais s’éloigner de nous d’un angle plus grand que dix minutes.

La principale différence que l’on apperçoit entre les mouvemens des autres planetes & celui de la lune se peut aisément concevoir : car puisque toutes ces planetes tournent autour du soleil qui est à peu près au centre de leur mouvement, & puisqu’il les attire, pour ainsi dire, à chaque instant, il arrive de-là qu’elles sont toûjours à peu près à la même distance du soleil, au-lieu qu’elles s’approchent quelquefois considérablement de la terre, & d’autres fois s’en éloignent considérablement. Mais il n’en est pas tout-à-fait de même de la lune, on doit la regarder comme un corps terrestre. Ainsi selon les lois de la gravitation elle ne peut guere s’éloigner de nous, mais elle est retenue à peu près dans tous les tems à la même distance.

Il est si visible que la lune tourne autour de la terre, que nous ne voyons point qu’aucun philosophe de l’antiquité, ni même de ces derniers tems, ait pensé à faire un système différent. Il étoit reservé au P. D. Jacques Alexandre, bénédictin, de soutenir le premier que ce n’est point la lune qui tourne autour de la terre, mais la terre autour de la lune. Il a avancé cette opinion dans une dissertation sur le flux & reflux de la mer, qui remporta le prix de l’académie de Bordeaux en 1727 ; & toute son explication du flux & reflux porte sur l’hypothese du mouvement de la terre autour de la lune. L’académie de Bordeaux, dans le programme qu’elle a fait imprimer à la tête de cet ouvrage, a eu grand soin d’avertir qu’en couronnant l’auteur, elle n’avoit pas prétendu adopter son système, & que si elle n’adjugeoit le prix qu’à des systèmes démontrés, elle auroit souvent le déplaisir de ne pouvoir le distribuer ; M. de Mairan, membre de cette académie & de plusieurs autres, a cru qu’il étoit nécessaire de réfuter l’opinion de D. Jacques Alexandre, & il l’a fait par une dissertation imprimée dans les mémoires de l’académie des Sciences de Paris 1727. Il y démontre par des observations astronomiques que la lune tourne autour de la terre, & non la terre autour de la lune. Ceux qui voudront voir ces preuves en détail, peuvent consulter la dissertation dont nous parlons, ou l’extrait qu’en a donné M. de Fontenelle.

De même que toutes les planetes premieres se meuvent autour du soleil, de même la lune se meut autour de la terre ; son orbite est à peu près une ellipse dans laquelle elle est retenue par la force de la gravité ; elle fait sa révolution autour de nous en 27 jours, 7 heures 43 minutes, ce qui est aussi le tems précis de sa rotation autour de son axe. Voyez Libration.

La moyenne distance de la lune à la terre est d’environ 60 diametres de la terre, ce qui fait environ 80000 lieues.

L’excentricité moyenne de son orbite est environ de sa moyenne distance, ce qui produit une variation dans la distance de cette planete à la terre, car elle s’en approche & s’en éloigne alternativement de plus d’un dixieme de sa moyenne distance.

Le diametre de la lune est à celui de la terre à peu près comme 11 est à 40, c’est-à-dire, qu’il est d’environ 725 lieues, son diametre apparent moyen est de 31′. 16″ . & celui du soleil de 32′. 12″. Voyez Diametre.

La surface de la lune contient environ 1555555 lieues quarrées, &c. La densité de la lune est à celle