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LITHOPTERIS, s. f. (Hist. nat.) nom donné par Lhuid à des fougeres dont on trouve les empreintes sur des pierres tirées du sein de la terre, telles que celles qui accompagnent les mines de charbon de terre de S. Chaumont & d’autres endroits.

LITHOSTREON, s. m. (Hist. nat.) Quelques auteurs entendent par ce mot les huîtres ou ostracites qui se trouvent dans le sein de la terre.

LITHOSTROTION, s. m. (Hist. nat.) On nomme ainsi une espece de corail qui se trouve dans le sein de la terre : il est composé de plusieurs colonnes ou articulations menues, qui sont ou cylindriques ou prismatiques, qui se joignent exactement les unes aux autres, & au sommet desquelles on remarque la forme d’une étoile.

LITHOSTROTOS, s. m. (Littér.) Ce mot est grec ; λιθοστροτος, en latin Lithostrotum, c’est-à-dire, pavé de pierres ; mais les petits pavés porterent ce nom par excellence chez les anciens. Ils entendoient proprement par lithostrota, des pavés tant de marqueterie simple, que de mosaïque, faits de coupures de divers marbres qui se joignoient & s’enchâssoient ensemble dans le ciment. On formoit avec ce petit carrelage, toutes sortes de compartimens différens en couleurs, en grandeur, & en figures. Lithostrota, dit Grapaldus, è parvulis crustis marmoreis, quasi pavimenta lapidibus strata. C’est de ces sortes de pavés dont parle Varron, de re rust. lib. III. en écrivant à un de ses amis, quam villam haberes ope tectorio ac pavimentis nobilibus lithostratis spectandam, parum putasses esse, ni quoque parietes essent illis ornati.

Tel étoit le pavé du tribunal de Pilate, c’est-à-dire, du lieu où il tenoit le siege de judicature, dont il est fait mention dans S. Jean, chap. xix. V. 13. « Pilate, dit l’évangéliste, les entendant parler de la sorte, amena Jesus dehors, & prit séance dans son tribunal, au lieu qu’on appelle en grec lithostrotos, & en hébreu gabbata ». Je conserve ici le mot lithostrotos avec plusieurs traducteurs, le pere Amelote, M. Simon, la version de Mons, & autres ; & je crois qu’ils ont raison.

Les lithostrota ou pavés de marqueterie & de mosaïque succéderent aux pavés peints, inventés par les Grecs, & en firent perdre l’usage. C’est Pline, lib. XXXVI. cap. xxv. qui nous l’apprend en ces termes : Pavimenta originem apud Græcos habent, elaborata arte, picturæ ratione, donec lithostrota eam expulere.

Ils commencerent à Rome sous Sylla, qui fit faire un de ces nouveaux pavés de pieces de rapport, dans le temple de la Fortune, à Préneste, environ 170 ans avant J. C. Les Juifs imiterent cette mode ; car outre le tribunal de Pilate, la salle de leur sanhédrin étoit pavée de cette maniere comme on peut le voir dans Selden, lib. II. cap. xv. de Syned. Hebroeorum.

Lithostrotos est comopsé de λίθος, pierre & στρωτος, un pavé, en latin stratum. (D. J.)

LITHOTOME, s. m. (Instrument de Chirurgie.) espece de bistouri avec lequel on fait une incision pour tirer la pierre de la vessie. Cet mot est grec, λιθοτομω, composé de λιθος, lapis, pierre, & de τομὴ, incisio, incision, du verbe τέμνω, seco, j’incise. Les réformateurs des termes pensent qu’il seroit plus à propos d’appeller ce bistouri cystitome, de χυστις, vessie, ou uretro cystitome ; mais l’usage a prévalu.

Il y a plusieurs especes de lithotomes ; celui qui a été jusqu’ici le plus en usage, ressemble assez à une lancette. On y considere une lame & une châsse composée de deux pieces d’écaille : la lame est tranchante des deux côtés, de la longueur d’un pouce jusqu’à la pointe. On y remarque quatre émoutures, deux de chaque côté qui forment dans le milieu une vive-arrête, ce qui conserve beaucoup de force aux tran-

chans qui doivent être fort fins. Le talon de cette lame

est terminé par une queue garnie à son extrémité d’une petite lentille, pour arrêter & assujettir la lame dans le manche quand l’instrument est ouvert.

La pointe de ce lithotome a été sujette à plusieurs variations, suivant les différentes manieres de tailler. Collot, qui se contentoit de faire une incision à l’uretre parallele à celle de la peau, se servoit d’un lithotome rond & mousse, Pl. VIII. fig. 6. Ceux qui ont pratiqué depuis, ayant senti la nécessité d’allonger l’incision de l’uretre du côté du col de la vessie, ont donné une pointe au lithotome, qu’ils ont nommée en langue de carpe, ibidem Pl. VIII. fig. 5. La largeur de cette pointe ne permettoit pas de porter l’incision assez avant, pour couper le bulbe de l’uretre sans intéresser l’intestin rectum : on l’a encore diminuée. Ibid. fig. 4.

Le but de ces réformes étoit de pouvoir allonger sans inconvénient l’incision de l’uretre en dessous ; & comme la pointe du lithotome ne doit point sortir de la cannelure de la sonde conductrice, le chirurgien est obligé de beaucoup baisser le poignet & de relever l’extrémité des doigts. M. Ledran a cru que ce mouvement seroit moins gênant, & qu’on tiendroit avec plus de facilité la pointe du lithotome dans cette cannelure, si le tranchant supérieur décrivoit une ligne droite. Voyez ibidem, Pl. VIII. fig. 7.

La lame de ces différens lithotomes doit être assujettie sur la châsse par une bandelette de linge fin. Pour éviter cette préparation, l’on a construit des lithotomes dont la lame est fixée dans le manche : tels sont les lithotomes de M. Cheselden, Pl. VIII. fig. 1. & 3, & le lithotome, Pl. IX. fig. 8. M. Ledran a imaginé un petit couteau, Pl. IX. fig. 10, pour couper la prostate & le col de la vessie, après l’introduction du gorgeret dans la vessie. Les deux instrumens entre lesquels ce couteau est représenté, sont des gorgerets de l’invention de M. Ledran. Voyez Gorgeret.

La fig. 3 de cette même Planche IX. montre le lithotome de M. Foubert, pour sa méthode particuliere de tailler, tel qu’il l’a décrit dans le premier tome des mémoires de l’académie royale de Chirurgie. Il en a depuis imaginé un autre qu’il croit plus avantageux : nous l’avons fait graver, Pl. XXII. fig. premiere.

Un homme qui s’est annoncé anonymement, en disant qu’il n’étoit pas de l’art & qu’il n’y avoit aucune prétention, a imaginé il y a quelques années un lithotome caché, dont les premieres épreuves ont été faites sur le vivant par feu M. de la Roche, chirurgien de Paris. L’auteur encouragé par quelques succès, s’est fait lithotomiste, & n’a pas toujours eu à se féliciter de n’avoir pas laissé son instrument en d’autres mains ; l’académie royale de Chirurgie a porté sur ce lithothome un jugement impartial, inséré dans le troisieme volume de ses mémoires. Nous avons fait graver l’instrument, Pl. XXXVI. fig. 4 : en voici la description.

La lame tranchante a quatre pouces & demi de long, A. Cette lame a une gaîne B, dont la soie passe dans toute la longueur d’un manche de bois C, qui peut tourner sur elle : ce manche est à six pans ; chaque surface est à une distance inégale de l’axe de l’instrument D. Au moyen d’un ressort à bascule E, dont l’extrémité inférieure entre dans des engrainures sur la virole du manche, on fixe la surface qu’on juge à propos sous la queue de la lame tranchante F, de façon qu’on peut à volonté faire sortir la lame de sa gaîne de 5, de 7, de 9, de 11, de 13 ou de 15 degrés. Des chiffres gravés sur chaque surface, indiquent le degré d’ouverture qu’elles permettent.

Pour se servir de cet instrument, on met le malade en situation, voyez Liens. On fait sur une sonde cannelée l’incision comme au grand appareil : l’opé-